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L'héritage du silence : "Le Génocide arménien n’est pas juste dans les livres d’histoire"

En 1915, des dizaines de milliers d’Arméniens survivent au génocide en cachant leur identité. Certains ont été sauvés, d’autres ont été enlevés. Tous ont été assimilés dans des familles turques et kurdes, convertis à l’Islam et oubliés. 100 ans après, leurs petits-enfants découvrent la vérité. Quatre ont décidé de briser le silence dans une websérie réalisée par Anna Benjamin et Guillaume Clere.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©  L'héritage du silence / Anna Benjamin et Guillaume Clere)

Nazli, Armen, Dogukan, Yasar sont turcs et kurdes. Mais une découverte tardive a bouleversé leur existence : ils sont aussi arméniens. Un secret d’Etat et de famille se dissimule derrière cette réalité : leurs parents ou leurs grands-parents ont survécu au génocide en dissimulant leur véritable identité. Après un siècle de peur et de honte, Nazli, Armen, Dogukan, Yasar se battent pour faire revivre toute une mémoire enfouie.  L'Héritage du Silence , une websérie documentaire réalisée par Anna Benjamin et Guillaume Clere et soutenue par France Info, explore le poids du silence qui pèse encore en Turquie sur le génocide de 1915 et sur les Arméniens islamisés qui seraient aujourd’hui des millions.

 

Nazli, Armen, Dogukan, Yasar ont une histoire assez similaire. Ce sont tous des petits-enfants ou des enfants de survivant du génocide arménien, soit sauvés par des familles turques ou kurdes, soit cachés. Pendant 100 ans, les survivants se sont tus et ont été islamisés. "Depuis quelques années, ces petits-enfants commencent à parler et à redécouvrir tout cet héritage. Ils racontent de plus en plus et crient haut et fort leur passé ", explique Anna Benjamin.

Une remise en question

La découverte est parfois un choc pour ces personnes. "Petit, à l’école, vous apprenez que les Arméniens sont des traitres à la nation et un de nos personnages découvre à 40 ans qu’en fait il est arménien, donc aussi un traite à la nation. Cela remet plein de choses en question",  raconte Guillaume Clere. Le fait de se savoir d'origine arménienne les pousse à remettre l’histoire officielle en question. Il remette aussi en question le rapport qu’ils peuvent avoir avec leur famille et de ce qu’ils vont transmettre à leurs enfants.

"Ce sont des histoires tellement touchantes, assez humaines. On voit des gens dont la vie est d’un seul coup renversée, " raconte Guillaume Clere. "Cela montre que quand l’histoire est cachée, elle finit toujours par refaire surface. Le génocide arménien n’est pas juste dans les livres d’histoire et concerne potentiellement des millions de gens en Turquie. "

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