Jules et Gédéon Naudet, réalisateurs de "13 novembre : Fluctuat nec mergitur" : "Les témoignages des survivants sont des déclarations d’amour à la vie"
Jules et Gédéon Naudet, tous deux réalisateurs de "13 novembre : Fluctuat Nec Mergitur" étaient les invités de Célyne Baÿt-Darcourt dans "Infos médias". Les deux frères évoquent le tournage de ce documentaire dans lequel une quarantaine de témoins des attentats de Paris ont accepté de raconter leur 13 novembre.
Après avoir filmé et réalisé le documentaire New York : 11 septembre, récompensé à plusieurs reprises, Jules et Gédéon Naudet donnent la parole à des rescapés des attaques de Paris en 2015 dans 13 Novembre : Fluctuat Nec Mergitur, diffusé à partir de vendredi 1er juin sur Netflix.
Jules et Gédéon Naudet se sont opposés à toute forme de sensationnalisme durant la réalisation de ce documentaire en trois parties. Aseptisé de reconstitutions et de commentaires, le film montre peu d'images issues de vidéos amateurs ou de caméras de vidéosurveillance au soir des fusillades. Les réalisateurs ont choisi de mettre en avant les témoignages de rescapés, pompiers, policiers et hommes politiques :
"Nous voulions surtout donner place à la parole. Lorsqu’il est question d’attentats dans les médias, nous avons souvent affaire à une liste de statistiques. Nous voulions arrêter le temps et imaginer que derrière ces horribles événements il y a des gens qui se construisent, des moments hallucinants où au moment de l’horreur, du pire du genre humain, on voit le meilleur de nous-mêmes.", explique Jules Naudet.
Plus de 40 témoins livrent leur témoignage
Pour recueillir ces témoignages, les deux frères se sont tournés vers leur entourage et des gens qui ont été directement ou indirectement concernés par ces attentats : "Nous sommes allés voir les psychologues, les associations, et pendant presque neuf mois, nous avons rencontré à peu près 150 personnes. Jules a peu à peu gagné la confiance des victimes", explique Gédéon Naudet.
Parce qu’ils sont eux-mêmes des survivants d’un attentat, celui du World Trade Center le 11 septembre 2001 à New York, les frères Naudet savent pertinemment qu’il peut être délicat, des mois après, de s’exprimer sur une telle tragédie : "Notre expérience a énormément joué je pense. Il y avait effectivement une sorte de méfiance de la part des victimes qui n'en avait jamais parlé. Nous nous sommes demandés comment il fallait raconter ce traumatisme très personnel. Le fait de voir ce que nous avons nous-mêmes vécu nous renvoie non seulement au terrorisme mais également à la confrontation de notre propre mortalité."
Aucun message de haine
Ces témoignages, qui ont parfois duré jusqu’à quatre ou cinq heures, ont été recueillis dans un studio, dans l’ombre, sans que les témoins ne puissent voir les caméras. "Cela était difficile pour eux car on leur demandait de tout raconter au présent, de se remettre dans le moment. Ils ont bien voulu le revivre pour nous, mais aussi pour eux, cela les a aidés", poursuit le réalisteur.
Loin des messages de haine et de vengeance, les rescapés du 13-Novembre manifestent "des messages d’amour, d’espoir, d’amitié. Ils veulent s’éloigner de ce trop-plein d’horreur qu’ils ont vu". Ils ne veulent plus de tout cela et rejettent catégoriquement cette violence par ces déclarations d’amour à la vie, rapporte Jules Naudet.
Réagir au terrorisme
C’est pour réagir à ce sentiment d’impuissance face au terrorisme que les réalisateurs de Fluctuat Nec Mergitur ont réalisé ce documentaire. "On ne peut rien faire, c’est terrible comme sensation. On réalise ensuite que la seule façon de réagir au terrorisme est celle qui montre que la vie est encore plus forte près de la mort, bien loin de cette volonté de prendre les armes", conclut Gédéon Naudet.
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