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Jean-Xavier de Lestrade, auteur de la série "Soupçons" sur Canal Plus : "La justice américaine n’est jamais dans une recherche de vérité"

Jean-Xavier de Lestrade, auteur de la série documentaire "Soupçons", revient sur franceinfo jeudi 5 juillet sur les trois ultimes épisodes de cette épopée judiciaire diffusés ce soir sur Canal Plus.

Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jean-Xavier de Lestrade, auteur de la série documentaire "Soupçons" sur Canal Plus . (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

"La justice américaine n’est jamais dans une recherche de vérité", déclare Jean-Xavier de Lestrade, cinéaste de la série documentaire Soupçons, sur franceinfo, jeudi 5 juillet, à l'occasion de la diffusion de l'épilogue ce soir sur Canal Plus. 

Le réalisateur s'est attaché pendant 15 ans au cas de Michael Peterson, un écrivain blanc, américain, accusé de la mort de sa femme, retrouvée inanimée aux pieds de l'escalier de leur maison en avril 2001. Accusé, le romancier a ensuite été condamné. Lui, n'a fait que clamer son innocence tout au long de ce feuilleton judiciaire qu'a suivi attentivement, avec ses caméras, Jean-Xavier de Lestrade.

A priori un banal fait divers, mais qui révèle, pour le cinéaste, le fonctionnement de la justice américaine. "Ce n'est pas une série qui veut démontrer l'innocence de Michael Peterson". Il s'agit plutôt d'une réflexion sur la justice au sens large. "Qu'est-ce que la justice ? À quoi sert-elle ? Que recherche-t-elle ?", détaille Jean-Xavier de Lestrade.

Une accusation américaine qui peut aller très loin

Et le portrait qu'il dresse de la justice américaine n'est pas très flatteur. Du moins dans cette affaire. "Le plus terrifiant" pour le réalisateur est "la sorte de collusion" qui existe entre la police et le procureur. "Lorsque ces deux parties se mettent ensemble et décident de faire tout ce qu'ils peuvent faire pour vous faire condamner, ils peuvent y arriver", explique-t-il.

Dans cette affaire, il y a eu en effet des faux témoignages de la part de l'accusation. "L'expert vedette de l'accusation, fonctionnaire de police, a menti à la barre, s'est parjuré et a créé de fausses expériences", raconte Jean-Xavier de Lestrade qui insiste bien sur le fait que cela ne veut pas dire pour au temps que l'accusé était innocent.

Un anti-coupable idéal

Le réalisateur a cherché pendant plusieurs mois Michael Peterson. Son objectif était de trouver l'antithèse du coupable idéal pour la justice américaine. Un homme blanc, qui a de l'argent et qui est relativement connu localement.

Jean-Xavier de Lestrade avait en effet déjà suivi le cas adverse avec son film documentaire oscarisé en 2002 "Un coupable idéal" qui raconte l'histoire d'un adolescent noir américain issu d'une famille modeste accusé d'avoir tué une femme en Floride. "Pour réaliser un tableau cohérent, je voulais voir l'autre versant de la justice américaine lorsque vous avez de l'argent pour vous payer un très bon avocat pénaliste", justifie-t-il.

Et la réponse est "au fond oui" pour Jean-Xavier de Lestrade. Michael Peterson a dépensé 800 000 dollars pour se défendre. "L’argent ne vous protège pas face à la machine judiciaire américaine", considère-t-il. Pour connaître la fin de cette épopée judiciaire et savoir si sa défense a été payante, il faudra regarder les trois derniers épisodes diffusés ce soir sur Canal Plus à partir de 22h40.

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