"Je sens qu’avec la fiction, j’ai trouvé ma voie", se réjouit Stéphane Bern, héros de la série "Bellefond"
Spécialiste des têtes couronnées, le journaliste et animateur Stéphane Bern embrasse, doucement mais sûrement, le métier de comédien. Entre l’écriture (il vient de publier Les secrets du château de Windsor aux éditions Plon) et les tournages de ses émissions (Secrets d'Histoire, Laissez-vous guider avec Lorànt Deutsch, Le village préféré des Français) ou encore entre quelques grands événements comme le 14 juillet, il revêt le costume d’Antoine Bellefond. Après le beau succès d’un pilote suivi par près de 4,5 millions de téléspectateurs, le procureur de la République est devenu avocat dans cet épisode inédit que France 3 diffuse mardi 28 novembre à 21h10.
franceinfo : Pensez-vous qu'on regarde "Bellefond" pour la série ou pour Stéphane Bern ?
Stéphane Bern : J'espère que c'est pour la série parce que moi, je fais mes classes, je fais mes gammes. Ça devait être le cinquième téléfilm dans lequel j'avais un rôle important, mais je pense qu'Antoine Bellefond est un personnage très intéressant parce que c'est la première fois où un avocat s'entoure d'une équipe de jeunes stagiaires. Il est professeur, et donc il y a l'idée au cœur de cette série de la transmission qui pour moi est essentielle dans la vie : que transmet-on aux jeunes générations ?
Aujourd'hui, Bellefond est avocat, mais il était avant Procureur de la République ?
Il a commis une erreur judiciaire. Celle-ci l'a transformé, il ne supporte pas l'injustice et maintenant, il essaie de résoudre toute sorte d'enquêtes. Là, en l'occurrence, c'est un stagiaire qui m'amène le cas d'une jeune femme qui accuse son professeur de l'avoir agressée sexuellement. On est ancré dans une réalité. La réalité, c'est que oui, il y a des accusations d'agression sexuelle, il y en a qui sont avérées... Et dans cet épisode, le coupable n'est pas celui qu'on croit.
On vous imagine un peu comme Bellefond, c'est-à-dire bienveillant, gentil, poli. N'avez-vous pas envie de jouer quelqu'un à l'opposé de ce que vous êtes ?
J'aimerais un jour peut-être. Mais l'idée d'Anne Holmes, la directrice de la fiction de France Télévisions, c'est de me faire gravir les échelons marche par marche plutôt que de me griller tout de suite. Chaque fois, les scénaristes travaillent pour augmenter la difficulté. J'aimerais un jour jouer un salaud, peut-être même un jour faire des rôles en costume, mais là, c'est trop proche des émissions d'histoire. Il ne faut pas que les gens imaginent que c'est Stéphane Bern qui joue, c'est Antoine Bellefond ! En revanche, ce qui a de moi, c'est que j'ai toujours voulu être avocat. Je ne supporte pas l'injustice. C'est l'un des seuls sujets qui me met vraiment en colère, c'est l'injustice dont sont victimes les gens.
On sent que vous avez vraiment envie de devenir comédien ?
Oui. C'est un rêve que j'ai depuis toujours. J'ai joué au théâtre pendant des années. Personne ne l'a vu parce qu'évidemment, en une soirée à la télévision, il y a plus de gens que sur une année au théâtre. Mais je ne dis pas que je ne referai pas aussi du théâtre. On me fait des propositions très intéressantes de pièces un peu plus compliquées, un peu plus difficiles. On va chercher des choses en moi. Je travaille aussi beaucoup la comédie. Il y a deux femmes qui m'ont aidé à franchir ce pas, c'est Line Renaud qui m'a dit : "Mais la seule limite qui peut t'arrêter, c'est celle que tu te mets toi-même". Et puis Virginie Efira, il y a quelques années alors qu'on faisait une séance photos, m'a dit : "Je rêve d'être comédienne", je lui ai répondu que moi aussi, "Mais fonce", mais je ne peux pas, les émissions marchent.
"Aujourd'hui, je ne vais pas attendre que les émissions arrêtent de marcher, je vais essayer de faire une transition en douceur..."
Stéphane Bern, journaliste, animateur et comédienà franceinfo
Comptez-vous bientôt arrêter la télévision ?
Pas arrêter la télé, mais peut-être ne faire que quelques émissions patrimoniales, ça fait au maximum dix prime, les autres en font bien plus ! Tourner pendant deux ou trois mois par an. La fiction est quelque chose qui me prend vraiment maintenant, je sens que j'ai trouvé ma voie.
Avez-vous regardé la dernière saison de "The Crown" ?
Je l'ai regardée ! Je trouve que c'est très bien filmé, c'est très bien joué. Le scénario est incroyable. C'est addictif évidemment.
La dernière saison, c'est la mort de Diana.
Il se trouve que j'ai vécu ces moments-là et je trouve qu'on distord beaucoup la vérité. Par rapport aux autres épisodes des autres saisons qui étaient beaucoup plus éloignés de moi, j'ai bien vu quelques erreurs, mais là... Alors, je ne sais pas, c'est peut-être la vérité, mais faire de Mohamed Al Fayed, l'instigateur de la relation entre son fils Dodi et Diana, c'est allé un peu loin. Le fait qu'il ait payé le paparazzi pour dénoncer cette histoire d'amour. La reine est montrée de façon tout à fait caricaturale dans ses relations avec Diana parce qu'on a découvert depuis les lettres qu'elle lui a envoyé et qui étaient pleines de compassion et d'affection.
On la trouvait très froide à ce moment-là.
Je trouve que l'explication n'est pas celle que Tony Blair nous a donnée pendant des années. C'est que la reine voulait être la mère de la nation et que donc elle ne pouvait pas être en deuil. Parce que la nation, en tant que symbole, ne peut pas être en deuil. Et elle a voulu protéger ses petits-fils, ça s'est bien dit dans la série. Maintenant, on montre qu'elle va à contrecœur céder à la pression populaire et à son fils Charles. Il est réhabilité d'une certaine manière. Et puis, on voit la vérité de ce point de vue, c'est que c'est un homme qui a pleuré son ex-femme et qui est allé chercher son corps. Et ça c'est vrai parce que tous les témoins à l'hôpital, à Paris, le racontent.
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