"Je ne vous laisserai pas dire qu'on a un prisme d'extrême droite sur CNews ", se défend le directeur général du groupe

Les chaînes du groupe Bolloré, Canal+, C8 et CNews, sont en forte progression en 2023. Le directeur général du groupe, Gérald-Brice Viret analyse ce qui fait le succès de ces chaînes.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8 min
Gérald-Brice Viret, directeur général du groupe Canal+, le 11 janvier 2024. (RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

Alors que CNews est au coude à coude avec BFMTV et que C8 a retrouvé sa première place sur la TNT ex aequo avec TMC, le numéro 2 du groupe Canal+, Gérald-Brice Viret revient sur la performance de ces chaînes qui ont obtenues des audiences records en 2023.

Alors que CNews est souvent taxée de promouvoir les idées d'extrême droite, il défend les journalistes et éditorialistes de la chaîne. Gérald-Brice Viret explique assumer les dérapages de Cyril Hanouna sur C8 et évoque les ambitions qu’il a pour la chaîne Canal+, en termes d’offres cinématographiques et sportives. Gérald-Brice Viret laisse notamment planer le mystère quant à une possibilité de diffuser la Ligue 1 de football à la rentrée 2024.

franceinfo : C8 devient première chaîne de la TNT ex aequo avec TMC, merci Cyril Hanouna, et CNews se rapproche de BFMTV. Elle a même fait jeu égal en décembre, elle l'a battue sur une semaine entière. À quoi attribuez-vous cette forte progression ?

Gérald-Brice Viret : Tout d'abord, C8 a retrouvé sa première place dans le top cinq des chaînes de la nouvelle génération de la TNT, vous avez donc la première chaîne qui est C8 et la quatrième chaîne qui est CNews. C8 étant une chaîne généraliste.

"Cyril Hanouna, c'est simple, plus on en parle dans les médias, plus les gens regardent et plus les gens adhèrent."

Gérald-Brice Viret

franceinfo

Même le buzz négatif vous convient ?

Oui, parce qu'en fait buzz ou pas buzz, de toutes les façons, il y a beaucoup de public et plus il y a de buzz, plus les gens regardent et plus ils se rendent compte en fait que l'émission est intéressante et qu'elle correspond à une attente. On fait des scores qui sont exceptionnels. L'émission a plus de dix ans sur l'antenne et on n'a jamais fait des scores pareils. Encore hier, leader sur les jeunes et très bon sur les cibles, 1,8 million tous les jours.

Il peut donc dire n'importe quoi, ça fait polémique et vous en êtes satisfait ?

Non parce que les polémiques sont plus ou moins justifiées. Mais souvent, quand on prend un extrait dans une émission hors contexte, bien sûr que cela peut faire polémique avec les réseaux sociaux. Mais au final, tout ce buzz, toutes ces polémiques plus ou moins justifiées font que les téléspectateurs viennent et regardent de plus en plus la chaîne et regardent de plus en plus Cyril Hanouna.

Est-ce que, parfois, Cyril Hanouna vous choque ?

Jamais. Moi, je le trouve au contraire extrêmement sincère. Et on l'a vu d'ailleurs dans "Complément d'enquête", c'est un homme extrêmement sincère, avec des valeurs exceptionnelles et il a un ton très différent. Il s'adresse à plein de gens qui sont extrêmement différents, on l'a vu dans les émissions politiques et pour moi, c'est un atout très fort pour C8. Et C8, c'est Cyril Hanouna, mais c'est toute la chaîne leader de la TNT, donc première chaîne des chaînes de la nouvelle génération.

Parlons de CNews, selon vous, à quoi cette année record est due ?

C'est une année exceptionnelle puisque depuis 2017, c'est quatre fois en termes de progression d'audience. Et quand on regarde le dernier quadrimestre, c'est une audience qui a été multipliée par sept. Donc c'est vrai que le format de CNews avec une grande proximité entre ces journalistes et les téléspectateurs : de Romain Desarbres à Sonia Mabrouk, Pascal Praud, Nelly Daynac, Jean-Marc Morandini, Laurence Ferrari, Christine Kelly... Il y a une proximité extrêmement forte...

Une proximité parce qu'ils s'engagent, qu'ils donnent leurs avis eux-mêmes, c'est ça qu'il faut ?

Ils sont très simples dans la manière d'aborder les choses. Et surtout, ils parlent directement au public. Et en plus de ça, vous avez une cinquantaine d'éditorialistes, d'experts, je pense à Charlotte d'Ornellas, à Mathieu Bock-Côté, je pense à plein de gens qui sont sur l'antenne et qui donnent leur avis et qui décryptent et vont au fond des choses.

Vous avez cité deux personnes très à droite parmi les experts.

Je ne sais pas qui est à droite, à gauche. Je ne cherche pas à savoir si un éditorialiste de CNews est de droite ou de gauche.

Diriez-vous que CNews est une chaîne d'info pluraliste ?

Oui. En plus on a terminé l'exercice 2023 et nous avons fait tout ce qui était quota d'invités politiques et temps de parole à la seconde près. Et je crois que nous sommes la chaîne qui respectons le plus cette obligation, vous le verrez dans les bilans de l'ARCOM. Tout le monde vient parler, tout le monde est invité sur CNews et vous le savez. Après CNews, c'est un succès parce que je pense que le temps long, l'explication, la mise en place par Serge Nedjar, le patron, de ce concept où on prend le temps de se parler et on suit l'actualité en permanence séduit. On l'a vu avec le conflit au Moyen-Orient, on le voit en permanence.

Vous voyez bien les critiques qui sont faites à l'encontre de CNews : le parti pris. Vous le dites sur les temps de parole par exemple, on prend en compte les politiques mais pas les éditorialistes qui sont là toute la journée sur CNews, qui commentent en continu l'actualité avec un prisme idéologique, celui de l'extrême droite. Le reconnaissez-vous ?

"CNews est une chaîne du pluralisme où tout le monde peut s'exprimer. Il y a du décryptage et le succès est là."

Gérald-Brice Viret

franceinfo

Je ne vous laisserai pas dire qu'on a un prisme d'extrême droite. Ce sont des journalistes, et je ne sais pas si vous êtes de droite ou de gauche et je ne cherche pas à le savoir. Les journalistes et les éditorialistes se sont d'abord des journalistes qui sont dans des journaux, à la télévision, donc je ne vous laisserai pas dire ça. Le succès prouve qu'il y a une attente et ça veut dire que nos journalistes, notre rédaction, fait bien son boulot.

Êtes-vous inquiet pour la matinale de CNews face à l'arrivée de celle de TF1 avec Bruce Toussaint que vous connaissez très bien ?

Non, pas particulièrement parce que nous, notre matinale, c'est la troisième matinale de France. TF1 a choisi de faire une émission d'information, c'est plutôt positif pour eux. Après, c'est surtout France 2 à mon avis qui va prendre, puis BFMTV, un peu nous. Mais moi je ne suis pas du tout inquiet et je pense que CNews va continuer à être au coude à coude avec BFM. Pour la matinale de CNews, l'objectif c'est d'être le challenger tout au long de cette année.

L'objectif c'est d'être le leader quand même ?

Challenger c'est bien. Vous savez, ce ne sont pas les mêmes moyens. Nous, on a de beaux moyens, on a 200 personnes, 150 journalistes, mais ce n'est pas le même format. On est dans l'information mais on aime l'analyse, le décryptage, le temps long.

Vous avez le nez creux à C8 car depuis deux ans, vos caméras suivent un jeune ministre, au quotidien, dans la perspective d'un documentaire. Sauf que vous n'imaginiez pas la suite ?

Mais non, en fait, notre Premier ministre Gabriel Attal est toujours venu sur nos plateaux, que ce soit à C8 ou à CNews. Quand on a fait toutes les émissions politiques avec Cyril Hanouna, Gabriel Attal est venu en tant que porte-parole du gouvernement, puis en tant que ministre du Budget. Et puisque Gabriel Attal fait partie de ces femmes et hommes politiques qui font que le public, et notamment les jeunes publics, s'intéresse à la politique, on s'est dit que c'était intéressant de suivre un ministre en exercice. On l'a suivi lorsqu'il était ministre du Budget et on le suit encore maintenant. C'est Louis Morin qui fait ça pour nous.

"On a donc des images, beaucoup d'interviews de Gabriel Attal et un documentaire inédit sera diffusé sur C8 au cours du premier semestre."

Gérald-Brice Viret

franceinfo

On savait qu'il avait un potentiel, mais là, effectivement, c'est un très fort potentiel.

Parlons de Canal+, premier financier du cinéma français et diffuseur exclusif des films des cinq majors américaines : Paramount, Sony, Universal, Disney et Warner, avec qui vous venez de renouveler vos accords. Vous dépensez énormément d'argent pour les films. Est-ce encore pour cela que vos abonnés viennent en priorité ?

Alors effectivement, le cinéma, c'est la première motivation pour nos abonnés en termes de satisfaction. Le sport aussi. On a les meilleures compétitions, on va avoir cette année l'intégralité de la Ligue des champions, l'UEFA en septembre, on a le Top 14, on a les sports mécaniques, on a les meilleurs sports. Mais le cinéma, l'avantage par rapport aux sports, c'est que vous vous adressez à tout le foyer. Et vous savez, en France, on a près de 10 millions d'abonnés et c'est tout un foyer qui est concerné. Par exemple, vous parlez de Warner, ça sera Barbie au mois de février, Canal+ c'était aussi dimanche Anatomie d'une chute de Justine Triet qui a eu deux Golden Globes. Donc c'est une offre exceptionnelle, inédite, six mois après la salle. Demain, Mission impossible et ce sont tous les films français qui sont diffusés sur Canal + et c'est la diversité du cinéma. Canal+ est le premier partenaire du cinéma.

"Le cinéma est ce qui permet de s'adresser à tous les membres du foyer."

Gérald-Brice Viret

franceinfo

Est-ce que Canal+ va faire une offre pour la Ligue 1 de football ?

Ah ça, ça sera une surprise ! On vous tient au courant. En tout cas, on a l'intégralité de la Ligue des Champions à partir de septembre et j'en profite pour souhaiter à tous nos abonnés et à tous nos auditeurs une excellente année 2024.

Retrouvez cette interview en vidéo : 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.