Bambi, Béatrice, Olivia, Marie…. : elles racontent les combats des trans pour exister

Histoire TV diffuse, vendredi 17 mai, un documentaire qui retrace 60 ans de lutte des personnes transgenres pour sortir de l’invisibilité.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Bambi, ancienne meneuse de revue. (RADIOFRANCE)

Dans le documentaire Une Histoire Trans : 60 ans de combats pour exister, diffusé sur Histoire TV, vendredi 17 mai à 20h50, journée de la lutte contre la transphobie, le réalisateur Pascal Petit retrace à travers des témoignages de femmes trans leurs luttes pour simplement exister, ne plus se cacher. Parmi ces témoignages, celui de Marie-Pierre Pruvot, née Jean-Pierre, devenue meneuse de revue sous le nom de Bambi puis professeure et écrivaine durant 30 ans.

Les personnes transgenres ont été pendant très longtemps invisibles. Elles se cachaient, n'avaient pas le droit de faire partie de la société. Ce qui n'a pas été le cas de Bambi, qui grâce au cabaret a pu s’épanouir parce que, dans les années 50 et 60, pour exister quand on était trans, il fallait être artiste. "C'était le seul moyen d'avoir une place parce qu'avec une carte d'identité masculine, vous ne pouviez vous présenter nulle part. Pas de travail" dit-elle. Elle regrette également, que pour vivre, certaines aient dû connaître la prostitution.

Une pionnière

Rentrée dans le cabaret Madame Arthur, puis au Carrousel de Paris, elle prend goût à cette vie de paillettes et y reste 20 ans. Après cette carrière dans le spectacle, elle entreprend de reprendre ses études et devient professeure de lettres modernes en 1974.

Personne ne sera au courant de son changement d’état-civil pour une raison simple, "je ne voulais absolument pas le dire parce que ça aurait choqué, explique-t-elle. Les enfants n'en seraient pas revenus et auraient pu à un moment de fâcherie m’appeler 'travelo' ou quelque chose comme ça. J'aurais eu du mal à accepter".

"Ce que je voulais, c'est être madame tout le monde. Alors si on avait su qui j'étais, c'était fini. Je n'aurais plus du tout été madame tout le monde." "

Bambi

à franceinfo

Certains sont encore mal à l'aise avec la transidentité, qui fût aussi, un temps, considérée comme une maladie mentale. Une perception que comprend l’écrivaine et qui témoigne de ce qu’elle a pu vivre en son temps. "À part ma mère, tout le monde dans la famille m'a ignorée du jour au lendemain. Tout le monde condamnait absolument".

Ça ne l’a pas empêché de suivre son chemin, de finir par se faire opérer lorsque les techniques étaient au point, "je n'ai pas eu peur parce que j'ai attendu. Je me méfiais du résultat", précise-t-elle.

Aujourd’hui, les choses ont quand même évolué et elle laisse la jeune génération s’emparer de la question de la transidentité et de la lutte contre la transphobie. "Je ne suis plus de l'époque que nous vivons actuellement. Elles n'ont pas besoin de mes conseils. Elles savent où elles sont. Je suis une ancêtre. Oui, j'ai combattu, mais cela fait longtemps que je ne combats plus du tout", conclut-elle.

Retrouvez cette interview en vidéo :

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