"Usage communal du corps féminin", de Julie Douard
Julie Douard a une vision très drôle de la vie en province. Dans
une petite commune non identifiée arrive son héroïne Marie Marron, hébergée
chez sa tante Hortense après la mort tragique de ses parents. Marie Marron est
une adolescente pas très futée, en fait elle est lente, son corps et son
cerveau avancent à deux à l'heure, ce qui finalement la préservera de
l'hystérie croissante qui s'empare de ce récit.
La galerie de portraits qui l'entoure est saisissante :
les hommes sont calamiteux : un grassouillet passionné de philologie, un beau
parleur assassin à ses heures qui monte une secte, un prétendu diplômé en
ingénierie providentielle et un maire qui lance un concours de miss pour
femmes mûres et méritantes animé par une pathétique ancienne gloire de la
télé...
Dans ce bal de névrosés, les personnages féminins prennent
peu à peu le dessus en soulevant leurs dessous et ça picole, ça fornique, on
rit de bon cœur et on se demande où on est tombé.
Ce roman entièrement axé sur les situations, avec très peu
de descriptions, fabrique naturellement des images, on voit les scènes et on le
verrait très bien au cinéma.
Ce livre se lit avec bonheur et encore une fois, sans méchanceté
envers ces personnages qui croient terriblement en ce qu'ils sont, ils foncent
joyeusement vers la catastrophe, les plus poétiques vers la tangente suivant le
coucher de soleil sur une route départementale.
Usage communal du corps féminin , de Julie Douard c'est
publié chez P.O.L
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