"Réalité" : l'absurde cauchemar de Jonathan Lambert et Alain Chabat
Il faut dire que Quentin Dupieux n'en est pas à son coup d'essai dans le registre de l'expérimental loufoque et de l'absurde existentiel. Dans ses précédents films, comme par exemple "Rubber" ou "Steack", il n'avait pas hésité à mettre en scène un pneu tueur en série ou des caïds adeptes du lifting. Parfois, ce mélange d'absurde, de fantastique, de comédie, tourne un peu à vide. Cette fois, avec "Réalité", il est vraiment convaincant , pour peu que l'on se laisse prendre à son jeu de miroirs, et d'associations d'idées, inspiré des jeux des surréalistes.
Dès le départ apparaissent à l'écran deux personnages assez irrésistibles : Alain Chabat en cameraman obsédé par l'idée de réaliser un film sur des télés meurtrières, et Jonathan Lambert en producteur psychopathe prêt à le financer à la seule condition d'entendre parfaitement souffrir les victimes et d'obtenir ainsi l'oscar du meilleur gémissement !
Tout le talent de Quentin Dupieux, c'est de partir de ce type de situations, incongrues, mais de les développer avec une parfaite logique, comme dans les rêves ou les cauchemars. Or comme, dans ce film, les cauchemars dans lesquels se retrouvent coincés les personnages, se confondent avec la réalité, c'est à la fois très drôle et plutôt inquiétant, très proche justement de nos vrais cauchemars, comme le souligne Jonathan Lambert :
"Gamin, j’ai fait un rêve qui m'a marqué : j'ai rêvé d'un perroquet avec du rouge à lèvre! ça vous fait rire, mais moi j'étais terrorisé. C'est quelque chose qui est souvent abordé au cinéma mais qui n'est pas évident, parce que les rêves et les cauchemars mettent la barre très haut vu qu'ils n'ont pas de limites. Ce film est une expérience parce que, pour la première fois, on a l'impression de voir filmer un rêve, ou un cauchemar, chacun verra cela comme il veut ! "
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