"On a failli être amies" : une amitié loin des stéréotypes

On n’est pas dans une amitié hystérique faite de rivalité amoureuse, ni dans une amitié fusionnelle avec solidarité exclusive, mais dans une amitié bien plus ambivalente et complexe. L'une de ces deux femmes piquerait bien le mari de l'autre et l'autre vivrait bien la vie professionnelle de la première. Pourtant leur rencontre est faite aussi de rires et même d'une certaine complicité.

A l'écran Karin Viard travaille dans un centre de formation pour adultes et se croit parfaitement heureuse dans sa vie de divorcée célibataire. Emmanuelle Devos, elle, aide son mari qui est un restaurateur étoilé et étouffe dans un boulot et un mariage où elle ne trouve plus sa place. Leur rencontre va leur servir de déclencheur pour au final changer de vie amoureusement ou professionnellement, pour s'offrir une deuxième chance. Si amitié il y a, elle est donc faite d'intérêts bien compris. Ce n'est pas très convenable mais c'est ce qui fait que cette comédie est à la fois drôle et finalement assez fine.

Ce qui a séduit les deux comédiennes, aussi complices dans la vie qu'à l'écran, c'est la manière qu'a la réalisatrice Anne Le Ny de soulever des problématiques souvent dérangeantes l'air de rien. C'est ce quelle avait fait dans son plus gros succès à ce jour, Les invités de mon père , où Fabrice Luchini et Karin Viard, déjà, jouaient un frère et une soeur interloqués par la passion soudaine de leur octogénaire de père pour une jeune refugiée moldave. Ce sont voilà des comédies de facture bien françaises, des études de caractère avec des personnages bien dessinés mais avec en toile de fond un regard sur la société, là effectivement avec ce constat qu'on est amené aujourd'hui à avoir plusieurs vie aussi bien amoureuses que professionnelles.