"Nous aurons de l'or", de Jean-Eric Boulin

Son héros, Français de souche, né dans un pavillon de banlieue au Bourget, boxeur, a comme lui quitté la France pour les Etats-Unis où il a rencontré le grand amour. Mais alors que son pays d'adoption est secoué par des attaques terroristes menées par un commando écologiste, la
France qui sort d'une grande période de troubles sociaux, choisit comme présidente, une femme, musulmane . Il est là pour célébrer cet évènement, dans un pays arc-en-ciel, pacifié, une utopie, surtout au regard des dernières élections municipales, mais une utopie nécessaire pour Jean-Eric Boulin.

Il y a de la politique fiction, mais aussi une grande histoire d'amitié . Cela ressemble aux jeunes années de l'auteur, son personnage a passé sa jeunesse avec Yassine Inoubli, au Bourget, artiste fulgurant , dont les œuvres d'art contemporain qui affolent le marché sont autant de happenings politiques dans toutes les banlieues de France. Il détourne des classiques de la culture française pour les confronter à la réalité multiraciale d'aujourd'hui, avant d'être assassiné par l'extrême droite.

Ce personnage fantastique sorte de Michel Basquiat de Seine-Saint-Denis est une merveille, symbole pour l'auteur de tous les talents gâchés d'une génération sacrifiée.

C'est un roman foisonnant, qui peut dérouter, mais écrit à fleur de peau, sensible, sensuel, à l'image de son auteur, complexe, charmeur, torturé mais convaincu, fort de son expérience aux Etats-Unis, que la France peut s'en sortir si elle donne sa chance à cette jeunesse stigmatisée, qui vit aux portes de nos grandes villes.

Nous aurons de l'or , de Jean-Eric Boulin, aux éditions du Seuil.