"Les optimistes" : une belle utopie de théâtre
Ils se sont en partie connus à Paris dans des cours d'art dramatique et ils ont créé à Jaffa en Israël cette pièce qui mêle utopie et réalité historique. Après la guerre, un couple de juifs polonais s'installe en terre promise, ils ont survécu à la shoah, mais elle ne supporte pas cette nouvelle vie, lui, reste seul. Un jour, il reçoit une lettre, en arabe, il se la fait traduire, c'est l'ancien propriétaire de la maison qu'il occupe, réfugié dans un camp au Liban, qui demande des nouvelles de son jardin, de ses orangers.
Beno réalise que l'exil de son peuple engendre un autre exil. Il n’est pas venu en Israël pour spolier qui que ce soit, il décide donc d’oeuvrer pour ces exilés. Une petite communauté de juifs et de palestiniens se met au travail, ensembles pour envoyer des bonnes nouvelles aux réfugiés partis au Liban, ils édulcorent la réalité et entretiennent l'espoir d'un retour. Ça peut paraitre naïf, mais dans leurs recherches pour écrire ce texte, l'israélien Ido Shaked et la franco-libanaise Lauren Houda Hussein ont trouvé des témoignages très surprenants aujourd'hui. Si ces "optimistes" n’ont apparemment jamais existé, il y a eu des juifs et des palestiniens qui ont rêvé d’un Etat binational.
Evidemment cette pièce ne tournera pas au Moyen-Orient, surtout en ce moment, elle ira peut-être au Maroc, mais déjà, quand elle est jouée à Saint-Denis, en français, arabe et hébreux, surtitré, elle suscite des réactions fortes. Le public aussi divers que la compagnie, apprécie la sensibilité de cette histoire, ce n'est pas un texte manichéen, qui ne changera pas l'histoire mais qui a le mérite de réunir sur scène des peuples qu'ont dit résolument ennemis.
"Les optimistes" par la compagnie Majaz, au théâtre Gerard Philippe à Saint-Denis jusqu'au 31 mai.
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