Leonard Cohen : éloge de la lenteur
Coté voix d’abord : si elle ne sort quand même pas d'outre-tombe, le timbre de Leonard Cohen n'avait jamais semblé aussi profond et grave que sur ce disque, à tel point que son grain, à l'écoute, ferait presque vibrer les enceintes, autant que les tympans de nos oreille (le sépulcral A Street).
La voix, premier instrument de ce disque
Même si Cohen a toujours su la mettre en avant, cette fois la légende canadienne lui a carrément donné le premier rôle, comme une ode à ce timbre chargé d'expérience, dans un album aux arrangements ultra dépouillés : un hommage appuyé que Leonard Cohen fait ici à son maitre zen, Kyozan Joshu Sasaki Roshi, disparu cet été à l'âge vénérable de 107 ans, et à qui le disque est dédié, avec ses titres qui n'ont peur ni du silence, ni de la lenteur. Le bien nommé Slow annonçant franchement la couleur :
" N’est pas parce que je suis vieux / ni à cause de la vie que j’ai mené / j’ai toujours préféré la lenteur / c’est que ma mère disait "
On ne s'étonnera donc pas de découvrir, dans le livret du cd, quelques images de Leonard Cohen en slip en train de cirer ses chaussures : le message est avant tout de rester humble face à l'adversité et de soigner sa façon d'avancer dans la vie ( si possible avec des chaussures impeccables, donc).
Avec un peu de recul, on y verra aussi une belle allégorie du conseil " savoir balayer devant sa porte ", pour nettoyer toutes les scories de son âme et laisser le champ à la poésie minimale que pratique encore avec justesse le dandy octogénaire.
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