"La ballade de Rikers Island", le livre polémique de janvier
Avec sa plume, on y revient très vite, avec avant tout sa liberté, revendiquée, d'artiste, qui scrute quasiment chaque heure des moments les plus forts de cette affaire, Régis Jauffret s'immisce dans le cerveau de ses protagonistes, reprenant tantôt des faits réels, tels qu'on en a été abreuvés à longueur d'éditions spéciales, usant, à d'autres moments de son imagination d'écrivain.
Une façon de faire que DSK n'apprécie pas. Il annonce avoir porté plainte pour diffamation contre Régis Jauffret et France Inter qui l'a reçu, mais à ce jour, pas de trace de la procédure.
Régis Jauffret sait qu'en France la liberté de l'artiste est de plus en plus fragile, quand il puise dans la réalité. C'est un excellent roman parce qu'il y a la langue de Régis Jauffret, riche, baroque, rythmée, il dissèque des instants dramatiques, comme l'arrivée à la prison de Rikers Island, ou le moment où Anne Sinclair apprend la terrible nouvelle et il ne nomme que Nafisatou Diallo, non pas par crainte des poursuites, mais pour décharger notre inconscient de l'overdose d'informations que nous avons de cette affaire et il parvient à rendre cette histoire universelle en s'attachant aux personnages féminins.
Finalement, c'est Nafisatou Diallo, la femme de ménage du Sofitel de New York qui intéresse le plus Régis Jauffret, il a longuement enquêté sur elle.
Ce sont les chapitres les plus surprenants du roman, il va en Afrique, au Sénégal et en Guinée Conakry à la recherche de la famille de Nafisatou Diallo, c'est rocambolesque, drôle et tragique. Régis Jauffret veut en fait humaniser cette femme dont les médias ont donné selon lui une image totalement fausse.
La ballade de Rikers Isand , de Régis Jauffret aux éditions du Seuil.
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