"Et puis après", la poésie du désastre
Kasumiko Murakami est journaliste, elle a longtemps travaillé à Paris. En mars 2011, elle décide de retourner vivre à Tokyo, quand le tsunami déferle, elle se rend dans l'une de ces zones côtières dévastées, pour observer, rendre compte mais aussi aider. Et dans un petit port, dont il ne reste rien ou presque, elle rencontre un pécheur qui le jour du raz de marée, comprenant qu'il allait se passer quelque chose, a eu ce réflexe, conditionné par les récits des anciens, de prendre la mer. Pour sauver le petit bateau que son père avait mis une vie à payer, il est allé au large et c'est loin du port, avec à ses côtés d'autres pêcheurs, qu'il assiste impuissant au désastre. Le village est en flammes, il neige, scène surréaliste de cet homme qui tangue sur l'eau, qui a eu un instinct de survie salutaire mais qui est vite dévoré par la culpabilité.
Sentiment qui revient souvent dans ce roman
Avec une infinie pudeur, toute japonaise, d'où le choix du roman, avec d'autres noms que les personnages réels. Kasumiko Murakami écrit les sensations organiques de l'après désastre, pas les émotions. Rapidement Yasuo, le pêcheur, est rassuré, sa femme est en vie, mais sa vieille mère fait partie des disparus, il veut agir vite, reconstruire sa maison, tout est lent, ce qu'il ressent, entre désespoir, colère et désir de vie est jeté là, comme les débris de son village et comme le dit joliment l'auteur, sur ces fatras où chaque drapeau rouge signale un corps de victime, pousse une fleur de prunier. Kasumiko Murakami qui a longtemps vécu loin du Japon, a ressenti elle aussi de la culpabilité.
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