Elsa Lepoivre en majesté dans "Hécube, pas Hécube" au Festival d'Avignon
Dans le site sauvage et minéral de la carrière de Boulbon, une statue de chienne, métaphore de la mère prête à tout pour son fils. Cette mère, c'est Hécube, dans la tragédie grecque d'Euripide, reine de Troie déchue, trahie par Polymnestor qui a tué son fils. C'est aussi Nadia, comédienne qui travaille ce rôle, mère d'un fils autiste maltraité par l'institution censée le protéger. Elsa Lepoivre est ces deux personnages.
"Troie c'est le carnage, elle a perdu tout le monde et elle a caché un enfant. Elle l'a confié à un ami très cher et cet ami l'a trahie", raconte Elsa Lepoivre. "Mon personnage, c'est : je confie cet enfant à une institution. Les plus grandes instances de l'État se renvoient la patate chaude sur les responsabilités d'un lieu défaillant. C'est l'enfer parce qu'on avait confiance."
Nadia veut la justice et se nourrit de son personnage de théâtre pour se battre. Parfois, Hécube la pousse vers la vengeance, parfois, la souffrance de Nadia s'invite sur scène devant des partenaires désemparés. On assiste à des répétitions où l'humour, confié aux personnages de Denis Podalydès et Loïc Corbery, aère le propos. Le jeu de ces Rolls de la Comédie-Française, Elsa Lepoivre en majesté, emporte le public, bluffé par la fluidité de la dentelle composée par Tiago Rodrigues entre le classique et le texte contemporain.
Hécube, pas Hécube, de Tiago Rodrigues, d'après Euripide, avec la Comédie-Française au Festival d'Avignon jusqu'au 16 juillet 2024.
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