Cannes 2015 : Jia Zhang-Ke participe au déferlement de mélodrames
Il y a eu des émotions fortes, des sentiments exacerbés, des drames familiaux, de la musique et des chansons pour les accompagner. Le mélo en a fait son grand retour à Cannes cette année. Il nous est venu d'Italie, des Etats-Unis de France, de Norvège ou même, mercredi soir encore, de Chine.
Avec Mountains may depart , le cinéaste chinois Jia Zhang-Ke continue de décortiquer les mutations de la Chine contemporaine mais en se tournant vers le mélodrame. Il était déjà venu à Cannes avec des films très ancrés dans la réalité sociale de son pays - des films souvent très noirs comme A touch of sin il y a deux ans. Il suit là le destin de toute une famille dans la Chine d'hier, d'aujourd'hui et de demain, sur plus de 25 ans, le destin d'une femme abandonnée par un mari obsédé par l'argent et séparé de son fils qui grandira loin d'elle dans de grandes écoles australiennes. En toile de fond, il y a bien sûr le culte de l'argent, les familles décomposées, les traditions oubliées. Mais, au premier plan, il y a cette fois les sentiments.
Et c'est bouleversant. Les sentiments, par-delà le temps et la distance, Jia Zhang-Ke le revendique. Dans le titre même de son film en anglais: Mountains may depart , soit les montagnes peuvent bien se séparer. "cela tourne autour de la même idée où, quand bien même les montagnes viendraient à se séparer, les sentiments qui relient les êtres les uns aux autres sont quelque chose d'immuable. Depuis 3-4 ans, j'avais cette volonté très intense de faire un film sur les sentiments."
Jia Zhang-Ke : "Peut-être est-ce dû à mon âge? J'ai commencé à tourner, j'avais une vingtaine d'années et maintenant j'en ai 45. J'ai une nouvelle compréhension de ce qu'il se passe au niveau des sentiments entre les êtres."
Les sentiments, les drames familiaux, les mélos ont donc déferlé sur la Croisette depuis le début du festival. Ils font même souvent partie des favoris des festivaliers pour la Palme d'or. C'est le cas depuis mercredi du film de Jia Zhang-Ke mais aussi, entre autres, de Mia Madre de Nanni Moretti ou encore de Carol de Todd Haynes qui, lui, dit s'inspirer des grands mélos hollywoodiens de Douglas Sirk.
Le mélo en passe de connaitre un nouvel âge d'or?
Début de réponse sur la Croisette avec l'écrivain et critique de cinéma NT Binh : "Dans le mélodrame, il y a deux composantes essentielles. Soit ce sont des histoires de couples avec des amours contrariées. Soit ce sont des histoires de familles avec des histoires d'incompréhension entre les générations. Cette année, on a une résurgence de ces motifs chez des cinéastes qui ne sont pas d'habitude portés sur une narration mélodramatique…"
NT Binh : "Ce genre 'mélodrame' qui était un genre connoté comme étant plutôt à destination d'un public féminin prend maintenant une valeur universelle."
Avec Elle et lui , Mia Madre , Carol ou Mountains may depart , le film de Jia Zhang-Ke qui a été accueilli avec beaucoup d'applaudissements, vous verserez sans doute quelques larmes. Du vrai mélo quoi !
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