Bossa Nova : une musique très Mundial
La compilation peut s’écouter tout en feuilletant l'ouvrage puisque le livre et le disque croisent, dans leurs références, bon nombre de classiques de la musique brésilienne, heureusement poussé ici plus loin que le légendaire "Girl of Ipanema" (Garota de Ipanema).
Bossa Nova – L’âme bohème du Brésil revient sur les liens d’amitiés entretenu entre Rio et Paris, où le plus fameux de ces ambassadeurs de la bossa, Pierre Barouh, (l'auteur de la bande originale du film Un homme et une femme ), revient du Brésil en 1958 avec un disque sous le bras, comme une relique sacrée : c'est la chanson de Joao Gilberto, Chega de Saudade , avec laquelle Barouh va prêcher sa bonne parole brésilienne auprès de Français comme Nougaro ou Moustaki.
C'est le début d'un véritable engouement : la France entière découvre cette musique indolente chantée par toute une bande de jeunes artistes au physique de jeunes premiers. Mais le plus souvent, comme le fait d'ailleurs Nougaro, nos chanteurs vont se contenter de plaquer de nouveaux textes sur les mélodies importées.
Dommage : derrière sa douceur apparente, la Bossa Nova est aussi une musique de révolte. En 1964, le pays bascule dans la dictature, et à partir de là, les plus grandes figures de la Bossa Nova, condamnée à l'exil en Europe, y chantent des textes à double sens souvent assez mal traduits chez nous, comme le raconte l'écrivain Jean Paul Delfino, l'auteur de Couleur Brasil.
Seule exception à ces adaptatiosn maladroites : Agua Di Março, de Tom Jobim (1972), dont Georges Moustaki tire le gracieux Les Eaux de Mars (1973).
La compilation et le livre le confirme :
Pas de Bossa sans mélancolie, sans le Saudade qu'on y trouve et qui fait le sel de ces mélodies. D’ailleurs même ses plus gros succès ont leur part de tristesse ; l'album Getz /Gilberto, par exemple, qui a plongé cette figure de la musique brésilienne dans un abîme de tristesse pendant les sept années qui ont suivi sa sortie et son succès planétaire, son épouse Astrud l’ayant quitté pour l'américain Stan Getz. Preuve que les plus belles histoires de Bossa Nova ont un gros fond de saudade.
Compilation Bossa Nova - L'âme bohème du Brésil (Verve/ Universal) et Couleur Brasil, de Jean-Paul Delfino, Co-édition France Bleu / Le Passage.
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