Bill Viola a eu l'intuition géniale, dans les années 70, queles caméras, les écrans, les bidouillages électroniques seraient sa palette etses pinceaux. Ses œuvres évoquent Giotto, Goya, Jérôme Bosch, à ceci près quecontrairement à des toiles, figées, les images ici sont en mouvement,généralement très lent.Le public est invité à contempler, méditer, accompagnépar une bande sonore souvent des infra basses, des sons aquatiques, l'eau esttrès présente. Dans le Quintet de l'étonnement par exemple, on voit cinq personnesfilmées en plan américain, jusqu'à la taille, et au ralenti. Elles expriment,peu à peu, des émotions différentes. Leurs visages sont éclairés comme l'auraitfait un peintre du XVIe siècle.La naissance et la mortIl y a aussi des projections sur de grands murs, comme GoingForth by day , cinq œuvres très différentes mais qui évoquent comme souventchez Bill Viola la naissance et la mort. Parmi elles, des secouristes épuisésface à un plan d'eau d'où finit par émerger le corps d'un homme qui renaîtrait,un lac où un bateau prépare le dernier voyage d'une vieille dame alors qu'ensurplomb, dans une maison sans cloison, un homme est sur son lit de mort. Ilfaut vraiment prendre du temps pour admirer et vivre ces œuvres.Depuis un long voyage au Japon, Bill Viola est imprégné dephilosophie zen, c'est aussi pour cela qu'il va à des formes simples, sansjamais sur-utiliser les moyens techniques, c'est avant tout un génial bricoleurqui se sert encore, pour certaines images en noir et blanc, d'une vieillecaméra de vidéo-surveillance. Il n'a pas plus souhaité aller vers le cinéma.Et s'il y a autant de vidéos où des corps plongent dansl'eau, c'est parce que, quand il était enfant, il a failli se noyer. En fait,il était bien au fonds de l'eau! Et c'est vrai qu'on pense au liquideamniotique dans certaines œuvres.Bill Viola, une exposition à voir au Grand Palais à Parisjusqu'au 21 juillet.