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Que devient le manifestant qui a perdu un œil à Rennes ?

28 avril 2016. Jean-François Martin, étudiant en géographie à Rennes, est blessé à l'oeil lors d'une manifestation contre la loi travail qui dégénère dans les rues de la capitale bretonne. Quelques instants après avoir été touché par un projectile, le jeune Breton de 20 ans est secouru par un autre étudiant qui assure aussitôt que le tir provenait d’un flashball de la police.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Jean-François Martin, l'étudiant qui a perdu un oeil à Rennes lors d'une manifestation le 28 avril 2016 © Sébastien Baer - Radio France)

 Enquête ouverte

Au lendemain de l'accident, une enquête est ouverte. Jean-François, qui a définitivement perdu l'usage de son oeil gauche, porte plainte contre X pour violence aggravée. Mais il ne se fait guère d’illusion. "Il y a quand-même une certaine cohésion dans un groupe de CRS, est-ce que l’un d’entre eux va se dénoncer ou sera dénoncé par les autres ? Je ne sais pas ", dit-il. Aujourd'hui, le jeune manifestant explique qu’il va beaucoup mieux.  "Psychologiquement, je vais assez bien, je fais plein de choses, je bouge tout le temps. Niveau santé, je me remets bien. Et je ne passe pas trop de temps à me poser des questions pour savoir si je retrouverai la vue. C’est fait, c’est fai t " assure Jean-François, avec un sang-froid étonnant. L’étudiant rennais explique aussi qu’il a reçu des dizaines de messages de soutien et de témoignages de sympathie après son accident, "Même de gens que je ne connaissais pas"  sourit-il.

Appréhension

Jean-François explique qu’il retournait pour la première fois dans la rue, ce 28 avril, quelques semaines après avoir été touché par un tir de flashball au mollet.  "J’avais une certaine appréhension, je savais qu’il y aurait des tirs de flashball, qu’il y aurait des charges… c’est pour ça que je me suis mis un peu en retrait"  raconte l’étudiant qui affirme qu’il se sentait en sécurité au moment où le projectile l’a atteint. Malgré sa blessure, Jean-François ne regrette pas d’être descendu dans la rue pour protester contre la loi Travail.  "Si je m’étais dit à chaque fois que j’allais en manif que je risquais d’être blessé, c’est comme si je pliais face aux forces de l’ordre ou face à une décision du gouvernement avec laquelle je ne suis pas d’accord" .

 "J’ai des convictions "

Pas question pour autant de renoncer aux manifestations pour Jean-François. "J’ai des convictions et ce n’est pas une blessure qui me fera reculer » dit l’étudiant. Mais il tempère, « j’irai dans le cortège qui ne va pas chercher la castagne, dans le cortège qui reste calme" .

Fin juin, le parquet de Rennes a communiqué sur l'affaire: d'après les premiers éléments de l'enquête, la balle qui a touché Jean-François provenait d'un lanceur de balles de défenses de la police, le LBD40 qui a succédé au flashball. L'enquête doit maintenant déterminer si l'usage de cette arme était justifié.

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