Que devient Bonnelles, première commune à accueillir des réfugiés en France ?
C’est le maire, Guy Poupart, qui les accueille. "L’inquiétude des habitants, c’est de savoir ce que ça va coûter à la commune. Bien sûr, tout le monde dit que les impôts sont déjà suffisamment forts. Je peux leur assurer que ça n’a strictement rien coûté à la commune et que nous avons l’engagement de l’Etat que ça ne coûtera rien à la commune" .
Chaîne de solidarité
Le maire, qui redoutait la réaction de ses administrés, a été vite rassuré. Rapidement, une chaîne de solidarité s'est mise en place. Des médecins ont proposé leurs services, des bénévoles ont donné des cours d'alphabétisation, une association s'est chargée des repas et plusieurs habitants ont offert des couvertures, des vêtements et des jouets. Onze mois après l'arrivée des 78 Syriens et Irakiens, le maire reste fasciné par la mobilisation dans sa commune. "Tout élu aimerait bien avoir cette chance un jour d’avoir cette découverte vis-à-vis de la population" sourit Guy Poupart. "Quand on est élu, on est toujours tenté de dire que les gens demandent toujours plus, qu’ils sont toujours plus exigeants. Là, nos habitants ne demandent rien, au contraire ils donnent. Tant mieux. Et pourvu que ça dure" .
Mais le maire l’assure, il ne vit pas dans un village "de bisounours" . Guy Poupart : "On sait très bien que certaines personnes, dans leurs gènes, n’acceptent pas que des gens viennent d’ailleurs, pour prendre leur boulot ou de leur temps. Seulement, ces gens là, dans notre village, ont compris, je pense, qu’il y a à la fois ceux qui accueillent les autres et ceux qui n’ont pas envie de les accueillir mais on peut vivre ensemble sans être obligé de se quereller".
Pédagogie
Si l’accueil des migrants à Bonnelles s’est immédiatement bien passé, cela n’a pas empêché le maire de faire de la pédagogie auprès de ses administrés. "Il faut essayer de démontrer qu’on fait partie d’un mouvement dans lequel on est bien content quand on est en grande difficulté que d’autres personnes nous tendent la main. C’est une décision politique au plus haut niveau d’accueillir des migrants dans notre pays. A nous d’assumer notre responsabilité d’accueil à Bonnelles" . Guy Poupart fait aussi montre d’exigence à l’égard des nouveaux venus, dans sa commune. "Ce qu’il faut surtout, c’est que ces jeunes qui sont accueillis à Bonnelles soient encore plus parfaits que tout le monde. Parce que, si par malheur ils dérapaient un petit peu, c’est toute la communauté qui en pâtirait et ce serait vraiment dommage" .
Bonne décision
Depuis septembre et l’arrivée des premiers migrants, Guy Poupart est convaincu d’avoir fait le bon choix en accueillant les Syriens et les Irakiens. Mais, ajoute-t-il, "si par malheur ça marchait mal, parce que tout d’un coup la structure d’accueil ne serait plus la même, parce que tout d’un coup les services de l’Etat décideraient d’être moins rapides, parce que tout d’un coup ils laisseraient les migrants mourir dans leurs bois pendant des mois et des mois, là je ne serais plus d’accord et je le ferais savoir à la population. Je ne les laisserai pas tomber eux, les migrants, par contre je laisserais tomber les services de l’Etat. Je ne vous dirais pas tout ce que je suis en train de vous dire aujourd’hui" explique le maire qui fait aussi œuvre de pédagogie auprès des maires des communes voisines, "Pour dédramatiser l’accueil. Je leur dis quelles étaient mes inquiétudes, que j’ai réussi à lever" .
"Si c’était à refaire, le faire dans l’urgence comme ça s’est passé, c’est très bien " conclut le maire qui assure qu’il n’a, à ce jour, jamais payé la moindre facture pour les réfugiés.
En début d'année, les derniers migrants arrivés en septembre ont quitté le village. Mais le monastère dans lequel ils avaient trouvé refuge ne désemplit pas. En janvier, des réfugiés venus du Tibet et d'autres d'Afghanistan sont arrivés à Bonnelles.
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