Ils ont fait l'actu. L'épidémie de Covid-19 vue par Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de santé
Sandrine Etoa-Andegue revient sur les événements marquants de l'année. Et ce sont ceux qui les ont vécus qui vous les racontent. Jeudi 11 août, Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de santé.
19 novembre 2021. Nouvelle préconisation de la Haute Autorité de santé dans la stratégie vaccinale contre le Covid-19 , une dose de rappel de vaccins pour les plus de 40 ans, six mois après la dernière injection, explique le professeur Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de santé.
"Nous avons eu des données récentes, en particulier produites par des équipes israéliennes, qui nous montrent que, à partir de 40 ans, il y a un réel bénéfice à faire, ce rappel, tant sur les infections que sur les formes sévères, c'est à dire les hospitalisations, voire même les décès." constate Dominique Le Guludec.
Depuis le début de l'épidémie, la Haute Autorité de santé joue un rôle central dans la gestion du Covid-19. Une responsabilité importante sur les épaules de la présidente Dominique Le Guludec, qui occupe le poste depuis décembre 2017 après une nomination de l'Élysée. D'une recommandation à l'autre, la médecin, cardiologue de formation et professeur de biophysique fait preuve de pédagogie. Une bonne partie des effectifs de l'autorité indépendante, sollicités en permanence, est mobilisée. Ce troisième été, avec le covid, mais avec quasiment plus de restrictions est l'occasion d'une pause bienvenue après une année très chargée.
Aujourd'hui, ce qui est le plus compliqué à gérer pour le personnel de la HAS, c'est "la fatigue" : "Les équipes ici, de la tête jusqu'en bas, sont épuisées parce que c'est une crise qui dure très longtemps et que vous savez, on a énormément travaillé, on travaille énormément puisqu'on est saisi en permanence. D'abord, on continue à faire notre travail normal."
"Il n'est pas question que les malades atteints du cancer n'aient pas de possibilité d'avoir des innovations thérapeutiques parce qu'il y a le Covid. Donc, il faut continuer à prendre en charge notre mission dans toutes les autres maladies."
Pr Dominique Le Guludecà franceinfo
"Et au dessus de ça, se rajoutent des travaux très spécifiques et on a rendu plus de 200 avis sur le Covid et ça continue encore aujourd'hui. Et en plus, ils sont toujours urgents", précise Dominique Le Guludec.
Cette fatigue, la présidente la ressent elle-même : "Bien sûr, j'ai besoin de me reposer et de faire baisser le niveau de stress. C'est la responsabilité d'une maison comme la HAS. Je suis comme tout un chacun, j’ai besoin de me reposer aussi. Maintenant, je crois qu'on a été là, on a assuré de notre mieux pour protéger les Français de cette catastrophe. C'est quand même une catastrophe qui nous est arrivée à tous. Je veux dire on n'avait pas connu une pandémie pareille depuis la grippe espagnole et des millions de victimes", rappelle Dominique Le Guludec.
"Ici, dans cette maison, on a des principes d'indépendance"
Ces trois dernières années, il a fallu hiérarchiser dans l’urgence, "Le plus difficile, je dirais que c'est les extrêmes, c'est-à-dire le début et la fin. Au début, personne n'était totalement préparé à une crise comme ça. La Haute Autorité de santé n'est pas une institution qui a été créée pour gérer les crises. Donc il a fallu au départ concevoir comment il fallait travailler et quel était notre rôle exact", constate Dominique Le Guludec.
À la question de savoir si cette responsabilité parfois était lourde à porter, elle répond : "C'est la Haute Autorité qui a donné un avis qui a le plus souvent été pris en compte. Donc c'est bien sûr une responsabilité qui pèse. Mais quand on accepte un poste comme celui que j'ai accepté, on sait que nous avons des responsabilités importantes et c'est un devoir de les assumer. Ici, dans cette maison, on a des principes d'indépendance, c'est-à-dire qu'on donne des avis indépendants. Cela veut dire indépendance des laboratoires, c'est indépendant du politique aussi", souligne Dominique Le Guludec.
Sur elle-même cette crise lui a appris que finalement elle "résistait pas mal" et que cette notion d’indépendance, elle insiste là-dessus était primordiale pour elle, "Nous concevons très bien que le ministère, le président de la République, le ministre de la Santé ne suive pas toujours nos avis. La science est une partie de la vie mais il y a des tas d'autres considérations à prendre en compte. Et de la vie opérationnelle, je dirais, ne dépend pas seulement de la vie scientifique", dit Dominique Le Guludec.
Très attendue sur le sujet, la Haute Autorité de santé a rendu un avis favorable au maintien de l'obligation vaccinale pour les soignants. Un avis partagé par l'Académie de médecine, le Conseil scientifique aujourd'hui disparu, et le ministre de la Santé.
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