Une Pussy Riot en prison : "Nous voulons être traitées comme des humains !"
"C'est la seule solution qui s'offre à moi ," explique la jeune femme dans un courrier envoyé à son avocat, après un an passé dans le camp de travail dans lequel elle purge sa peine de deux années de prison, pour avoir participé à un happening contre Vladimir Poutine dans une cathédrale de Moscou.
Des conditions de détention proche de l'esclavage
Dans ce camp pour femmes, les journées de travail durent de seize à dix-sept heures. De 7h30 du matin jusqu'à minuit et demi, Nadezhda coud, sur des machines antédiluviennes, des uniformes de police, en échange d'un salaire mensuel de 67 centimes d'euros. "Vos mains sont pleines de marques de piqûres et couvertes d'éraflures, votre sang est partout sur le plan de travail, mais vous devez continuer à coudre " explique-t-elle. Magnanime, l'administration péniteniciaire offre à ses pensionnaires une journée de repos toutes les six semaines.
Les humiliations
Au moindre écart, si par exemple l'infernal quota de production n'est pas respecté, les humiliations et violences physiques pleuvent : interdiction de se laver ou d'aller aux toilettes, interdiction de boire ou manger pendant des heures et des heures.
Les coups dans les reins, au visage sont aussi monnaie courante. "Une fois , raconte la condamnée, une femme de 50 ans se sentait malade. Elle a demandé à retourner à la zone résidentielle à 20h au lieu de minuit et demi pour pouvoir se coucher plus tôt et dormir huit heures. En guise de réponse, les gardiens l'ont mise à terre, insultée, humiliée et traitée de parasite ". Harassées de fatigue, les prisonnières finissent aussi par se battre entre elles, ou par s'automutiler. L'une d'entre elles a ainsi essayé de s'ouvrir l'estomac avec une scie à métaux.
Des plaintes peuvent bien être déposéescontre ces sévices mais elles ne quittent pas l'enceinte du camp. Impossible donc de dénoncer ouvertement cette situation, à moins de pouvoir alerter un avocat. Comme Nadezhda. "J'entame une grève de la faim et je le ferai jusqu'à ce que l'administration arrêté de traiter les femmes incarcérées comme du bétail, jusqu'à ce qu'ils nous traitent comme des humains ".
La longue lettre de Nadejda Talakonikova est notamment à lire sur le site des Inrocks
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Avec Thomas Jamet, de l'agence Moxie.
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