Les muscles numériques de la web-campagne
L'invité de l'Hyper revue de presse : Hervé Liffran du Canard Enchaîné pour commenter l'épilogue judiciaire de la plainte de Bouygues pour diffamation, c'est au Canard que la justice vient de donner raison. Bouygues débouté de son action en diffamation, Bouygues qui réclamait 9 millions d'euros. Mais hier la justice a donc estimé que le Canard avait mené une enquête sérieuse lorsqu'il avait fait état de soupçons de corruption sur l'attribution du chantier du futur "Pentagone français", autrement le futur ministère de la Défense. Décision de justice qui va au-delà du seul cas du Canard, elle concerne l'ensemble de la presse, en évoquant notamment la question de la protection des sources.
Le Web s'invite de plus en plus dans la campagne présidentielle. L'un des prochains meetings de Nicolas Sarkozy devrait se tenir non pas devant une foule de militants comme à Villepinte, mais sur Twitter. C'est lepoint.fr qui donne l'information, le candidat de l'UMP donnera prochainement rendez-vous à ses 122 000 abonnés pour s'exprimer par des mini-messages sur les thèmes de son choix. Les followers pourront ensuite intervenir, donner leur avis et lui poser des questions. Pas tout à fait une première, François Bayrou a déjà organisé des "Twinterviews" similaires. Pour le Point, la campagne numérique prend décidément un coup d'accélérateur. Justement, le Monde explique aussi comment l'équipe Hollande "montre ses muscles sur la Toile" : ça se passe au dernier étage du QG de campagne de François Hollande à Paris... Un commando de 35 personnes qui oeuvrent dans une ambiance de start-up à la web-campagne du candidat PS. Ici on scrute les courbes des followers, on surveille les nombres de clics sur les blogs de ses adversaires, on s'interroge sur la time-line de Nicolas Sarkozy sur twitter : bref, à l'heure du numérique, toujours la langue de bois, mais au service d'une autre campagne, la campagne numérique qui prend de plus en plus de place : elle représente 10 pour cent du budget total de la campagne Hollande.
Les web-militants organisent à la fois l'influence et la riposte... Les soirs de grand-messe télévisée, quand le candidat est l'invité d'une des émissions-phare de la campagne, c'est la mobilisation générale : le Monde raconte comment blogueurs et militants se retrouvent sur Twitter, pour échanger en ligne, relayer la propagande hollandaise, livrer la bataille des hashtags, ces mots-clés qui servent de signes de ralliement. Le 12 mars par exemple, après "Parole de candidat" sur TF1, les "twittos" étaient ravis de leur trouvaille, le mot-clé "sarkopipo" faisait un tabac sur Twitter. L'inspiration vient notamment des Etats-Unis : l'équipe Hollande travaille avec une société américaine proche des démocrates, la société qui a piloté la netcampagne de Barack Obama. Comme le résume Joy Sorman dans Libération : le haïku électronique façon Twitter, c'est devenu un élément essentiel de la communication politique et un gage de connexion hype, je traduis : c'est branchouille...
Les réseaux sociaux décidément très en vogue dans la campagne présidentielle. C'est même une drogue douce à en croire la Une des Inrockuptibles avec ce titre : "Pourquoi les politiques se défoncent à Twitter"... Ils sont de plus en plus nombreux, ces politiques, à tweeter le quotidien de la campagne, entre confidences croustillantes et platitude absolue.
Effet de mode ou pas, les Inrocks constatent que Twitter entre en tout cas parfaitement dans la logique de la communication politique et du règne de la petite phrase. 140 signes pour un message sur Twitter, c'est la règle. La petite phrase de Valéry Giscard d'Estaing face à François Mitterrand avait marqué la campagne à l'époque, "vous n'avez pas le monopole du coeur", c'était en 1974. Aujourd'hui, lâchée sur les réseaux sociaux, ce serait ce qu'on appelle un "toptweet"... Pour les politiques, cette soudaine passion pour les réseaux sociaux s'explique aussi par une impression d'aller vers le peuple sans passer par la corvée du marché ou de la cage d'escalier... Illusion soulignent les Inrocks, au moins en partie, car Twitter reste un outil de privilégiés, ceux qui sont épargnés par la fracture numérique.
Plus traditionnel : du côté des magazines papier, la photo du jour. Et c'est un autre genre de campagne, moins numérique, mais c'est un grand classique pour certains titres de la presse écrite, une photo, une polémique... La photo du jour, c'est celle qui fait la Une de Paris Match. On y voit Carla Bruni-Sarkozy dans les rues de Paris, son bébé Guilia dans les bras le visage à peine flouté. Ce qui a fait réagir l'épouse du chef de l'Etat, d'autant que d'autres photos volées, prises par des paparazzis, ont été publiées sans floutage sur des sites Internet belges. Sur son site Internet, Carla Bruni déplore la publication de ces photos et demande à nouveau aux médias de respecter le droit à la vie privée de ses enfants.
L'actualité du Web
Bagdad Galère
C'est le choix du matin sur le Web : Bagdad
Galère, un projet transmédia qui raconte l'histoire de 3 jeunes rameurs
de l'équipe d'aviron irakienne qui rêvent de se qualifier pour les JO cette
année à Londres.
C'est à découvrir sur
Rue89 Sport, un des sites thématiques de Rue89. Bagdad Galère suit les
aventures de Haider, Ahmed et Hamza. Ils rament pour l'équipe nationale
d'aviron irakienne et n'ont qu'un seul objectif : participer à leur 2ème olympiade
après celle de Pékin en 2008.
Sur Rue89, qui accompagne
le projet, vous pouvez suivre cette incroyable épopée sous forme de feuilleton
hebdomadaire et regarder quelques
extraits de ce documentaire en cours de fabrication. Aujourd'hui, les souvenirs
d'Hamza porte drapeau de la délégation irakienne aux JO il y a 4 ans...
Pour que l'ensemble de ce
beau projet Bagdad Galère puisse aboutir, les 3 réalisatrices de ce reportage
transmédia - un documentaire et un blog - sont à la recherche de financement.
Vous pouvez les aider à boucler leur budget sur le site Kiss Kiss Bank Bank. Une
plateforme qui fait se rencontrer les créateurs à la recherche de fonds et les
internautes autour de projets innovants.
Prochaine étape importante
pour nos 3 sportifs irakiens : leur dernière chance d'être sélectionnés pour
Londres c'est une course de qualification olympique en Corée du Sud fin avril...
Une star du Web et les candidats à la présidentielle
Politique et numérique toujours, avec la visite d'une
rock star du Web en France : Jack Dorsey, le patron de Twitter a rencontré hier
à Paris quelques candidats à la présidentielle...
Le recit de la journée de
c'est son nom sur Twitter, est à lire sur latribune.fr
A 35 ans, le co-fondateur
du site de micro-blogging est un habitué des rencontres avec les politiques,
l'été dernier, il était invité par Barack Obama à la maison blanche. Et à
Paris, Jack Dorsey a rencontré , et , le président français lui ayant même souhaité la bienvenue sur son
compte officiel avec un message personnel, signé NS, tout comme
signe BO, pour distinguer ses propres messages de ceux de son équipe de
campagne.
Peu prolixe sur le contenu
de ses rencontres politiques sur son compte, Jack Dorsey a proposé à ses
presque 2 millions d'abonnés de poser des questions aux candidats PS et Modem.
Il a également posté une photo sur Instagram racontant qu'il était en route
pour l'Elysée afin de rencontrer le président.
Selon latribune.fr, @jack
a discuté économie numérique et liberté du Web avec François Hollande, économie
toujours avec François Bayrou qui
propose aussi de créer un haut commissaire aux systèmes d'information de
l'état. Nicolas Sarkozy a lui encouragé le jeune patron à ouvrir un bureau de
Twitter en France, comme Google l'a fait récemment. @Jack aurait répondu oui,
nous indique un communiqué de la présidence française...
Bubble-T : et si Twitter votait ?
Politique et Twitter enfin... mais cette fois ci du côté
des utilisateurs, avec l'application Bubble-T créée par l'institut de recherche
du centre Pompidou à Paris et un laboratoire de l'Inria...
Une trouvaille du blog Big
Browser du monde.fr. Bubble-T, et si Twitter votait. C'est une application créé
par l'IRI et l'équipe AVIZ de l'INRIA qui vous permet de savoir qui parle de
qui en quasi temps réel sur Twitter. Tous les tweets sont analysés... et sont
visualisés sous forme de petites billes qui viennent remplir les cases de
chaque candidat à la présidentielle.
Vous pouvez lire le
contenu des tweets, cliquez sur les liens proposés, regarder l'évolution des
tendances de discussions à J-1 ou J-7, filtrez les résultats avec des mots
clefs, etc.
Graphiquement, c'est une
réussite, c'est simple et ludique, et surtout, comme le dit Big Browser, c'est
très addictif.
Ce que disent les parisiens au bureau
Nous vous avions déjà parlé dans l'Hyper revue de
presse de cette vidéo qui se moque gentiment des parisiens et de leurs tics de
langage, pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, elle s'appelle "Ce
que disent les parisiens", à voir sur le site My Little Paris. La suite
est en ligne, et là, ce sont les parisiens au boulot qui en prennent pour leur
grade...
Même recette que pour le
premier film, qui cumule déjà près de 950.000 vues sur Youtube. Un inventaire
des expressions tordues et du jargon si particulier utilisé par les parisiens
qui bossent dans la communication, les services ou les médias...
Et Mathilde, n'oubliez pas
de voir avec la réd'chef au pentagone (le pentagone, c'est le surnom du bureau où travaillent les rédacteurs en chef de France Info) si vous livrez un Q+R (séance de questions / réponses) ou une pastillade (des éléments sonores de reportage diffusés dans un journal)
pour le 9h30 (journal de 09h30), on risque d'être short (trop court) avant la pendule (le moment où l'on donne l'heure à l'antenne) et la relance sur les
titres (quand un présentateur présente un autre présentateur au moment des titres)... mais bon, ça, c'est une autre histoire.... Ce que disent les parisiens au
bureau, le film, est lui toujours visible sur mylittleparis.com
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