Monique Mabelly aété réquisitionnée pour assister à cette exécution. Elle consigne alors toutpar écrit. Un texte publié pour la première fois par le Monde, en cette journéeinternationale contre la peine de mort.Cela se passe à laprison des Baumettes à Marseille, à l'aube.La magistrateraconte : " une voiture de police vient me chercher à 4h et quart.Pendant le trajet, nous ne prononçons pas un mot "." On ouvrela porte de la cellule. Personne ne parle... " Le cortège d'une trentainede personne, personnel de la prison, personnalité, ressort, avec le condamné,dans le couloir. "On assiedle condamné à une chaise. Il a les mains entravées derrière le dos par desmenottes. Un gardien lui donne un cigarette. Il commence à fumer sans dire unmot. Il est jeune, les cheveux très noirs, bien coiffés. Le visage est assezbeau mais le teint est livide... "Il demande qu'onlui enlève ses menottes. Le bourreau s'exécute en prononçant ces mots, " quidonnent le frisson " dit notre témoin : " vous voyez, vous êteslibre ! "Le condamné réclameune autre cigarette. Fume lentement... " C'est à ce moment que je voisqu'il commence vraiment à réaliser que c'est fini, que c'est la que sa vie, queles instants qui lui restent à vivre dureront tant que durera cette cigarette "Alors le condamnécherche à gagner du temps!" Il saitqu'il ne peut rien faire d'autre que de retarder la fin de quelques minutes ",raconte la magistrate. On a servi un demi-verre du rhum au prisonnier. " Ilboit lentement, par petites gorgées ". Il réclame une autre cigarette.Mais le bourreau, qui commence à s'impatienter, s'interpose : " On adéjà été très bienveillants avec lui, très humains, maintenant il faut en finir" Il s'est écoulévingt minutes depuis que le condamné est assis sur sa chaise. " Ladernière cigarette est refusée, et, pour en finir, on le presse de terminer sonverre. Il boit la dernière gorgée. Aussitôt, l'un des aides du bourreausort une paire de ciseaux de la poche desa veste et commence à découper le col de la chemise bleue du condamné. Lebourreau fait signe que l'échancrure n'est pas assez large. Alors, l'aide donnedeux grands coups de ciseaux dans le dos de la chemise et, pour simplifier,dénude tout le haut du dos ".On met le condamné debout. Les gardiens ouvrent une porte dans lecouloir. " La guillotine apparaît, face à la porte. A côté, ouvert, unpanier en osier brun. Tout va très vite. J'entends un bruit sourd. Je meretourne – du sang, beaucoup de sang, du sang très rouge –, le corps a basculédans le panier. En une seconde, une vie a été tranchée " HISTOIRES CONNECTEES : Type Rider, jeu sur la typographie lancé par Arte.