L'arnaque : carte bancaire et grandes oreilles
Avec d'abord une mise en garde contre un gang d'escrocs particulièrement
imaginatifs... et doués en informatique... Attention : arnaque...
C'est l'arnaque techno, beaucoup moins pittoresque que celle du film "L'arnaque"...
"Méfiez-vous !", c'est l'avertissement qui fait la Une du Parisien
et d'Aujourd'hui en France qui décortiquent la nouvelle arnaque à la
carte bancaire. Ca fait un an que ça dure, elle a fait des dizaines de milliers
de victimes et rapporté à ses auteurs sans doute des dizaines de millions
d'euros.
Et une nouvelle fois, l'ingéniosité des escrocs est sans limite...
contrairement à la sécurité des paiments par carte, qui semble bien limitée. Au
départ, encore une fois, une idée toute bête : puisque les terminaux de
paiement dans les magasins sont protégés, il suffit tout simplement de les
remplacer par des terminaux truqués. Une petite bande fait diversion en créant
un incident dans un magasin, pendant qu'un complice escamote le vrai terminal, et
met à la place un faux terminal.
Et hop, ni vu ni connu, le commerçant n'y a vu que du feu. A l'intérieur du
terminal trafiqué, un mouchard électronique qui va enregistrer toutes les
coordonnées bancaires des futurs clients au moment où il vont taper leur code
théoriquement secret à l'abri des regards. A l'abri des regards, mais pas à
l'abri du mouchard. En apparence, il ne s'est rien passé, le paiement a été
validé normalement. En apparence seulement : quelques jours plus tard, les
escrocs vont repasser, l'air de rien. Grâce à une connexion à distance, avec le
système bluetooth, sans rien toucher, ils vont récupérer toutes les
informations enregistrées par le mouchard. Ensuite, grâce à toutes ces données,
ils vont fabriquer un double de votre carte, à partir de là c'est un jeu
d'enfant.
Si vous avez la malchance d'avoir fait des achats sur un terminal truqué sans
le savoir, c'est un peu plus tard que vous allez comprendre, en constatant que
votre carte bancaire a servi pour des retraits d'argent dans des pays où vous
n'avez jamais mis les pieds.
Qui est l'arnaqueur en chef, mystère, mais les experts soulignent dans Le Parisien et Aujourd'hui en France qu'il faut de
solides connaissances en informatique pour mettre au point une arnaque comme
celle-là et pour déjouer les sécurités qui devraient en principe la rendre
impossible. En principe seulement, comme toujours, à ce jeu-là, les pirates ont
un coup d'avance. Et pour l'instant, ils continuent à jouer, car apparemment,
ça continue. Donc méfiez-vous...
D'ailleurs, l'arnaque est à la mode : finalement, dans un autre genre, les
espions américains qui ont écouté les diplomates européens ont un peu les mêmes
méthodes...
Eux aussi, ils sont forts en informatique, et eux aussi ils piègent les fax,
les téléphones ou les ordinateurs de leurs cibles. Après le Spiegel allemand,
le Guardian anglais poursuit donc ses révélations et détaille les recettes
américaines pour espionner les alliés européens : des alliés européens furieux
qui "tirent les grandes oreilles de l'Amérique" comme le titrent
Libération et Sud Ouest .
Des Européens furieux, mais pas naïfs, car comme le résume un expert
dans Le Figaro , tout le monde sait très bien que tout le monde écoute tout le
monde, et depuis longtemps.
La preuve avec cette anecdote rapportée par Philippe Waucampt dans Le
Républicain Lorrain : au plus fort des tensions entre Paris et l'administration
Bush avant l'intervention américaine en Irak, l'Elysée avait dépêché une équipe
de " plombiers ", comme on dit, pour sécuriser les locaux de la
représentation française à l'ONU. Le résultat avait dépassé les prévisions, et
les "plombiers", les techniciens du contre-espionnage français,
étaient repartis avec des sacs poubelles remplis de micros trouvés dans les
murs.
Les services britanniques, qui se tenaient au courant avec leurs propres
méthodes, s'étaient paraît-il beaucoup amusés de l'incident, genre "ces
pauvres français se sont encore fait avoir..." Mais, du coup, après
vérification de leur propre représentation diplomatique à New-York, ils
avaient pu constater qu'elle était, elle aussi, truffée de systèmes d'écoute
américains.
Alors aujourd'hui, comme l'écrit Philippe Waucampt dans Le Républicain Lorrain ,
si les Européens jouent l'indignation vertueuse face aux coups tordus
américains, c'est parce qu'ils y ont un intérêt évident dans le grand jeu des
négocations sur le libre-échange. Un jeu de rôles diplomatique, où le plus
faible, l'Europe, prend l'avantage comme il peut sur un partenaire nettement
plus puissant. Chacun son arnaque...
La semaine télé avec Erwan Pastole : l'épisode 1 de la
saison 2 de la série "Sherlock" mercredi à 20h45 sur France 2. Le documentaire "Dans les yeux
d'Olivier : Femmes dans la nuit", jeudi à 22h15 sur France 2. Et la comédie musicale "Comme un air
d'autoroute", vendredi à 20h50 sur Arte.
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