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Histoires d'Info. Quand les présidents de la République impopulaires... réussissent à inverser la courbe après leur règne

A un mois de son départ de l'Élysée, la popularité de François Hollande reste au plus bas. Mais rien ne dit qu'elle ne remontera pas dans les prochaines années comme d'autres présidents de la République.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
François Mitterrand, président de la République, en 1985, lors d'une conférence de presse à Paris. (MICHEL CLEMENT / AFP)

Le bilan d’un chef d’État peut se faire quand il quitte le pouvoir. Il peut aussi se faire quelques années plus tard. Exemple, quand les universitaires se penchent sur les réalisations et leur portée à moyen et long terme. Il y a aussi le regard des citoyens sur une présidence, un regard politique mais aussi et peut-être davantage affectif sur un homme et une époque. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec le temps, ce regard bouge, évolue. Prenez le Général de Gaulle, figure absolument centrale de la campagne présidentielle actuelle, l’un des personnages historiques préférés des Français aux côtés de Napoléon Premier et de Louis XIV. Et pourtant, en avril 1969, les Français l’avaient renvoyé chez lui après le "non" au référendum sur les régions et le Sénat.

Il est certainement difficile de voir dans l’évolution de la popularité du général de Gaulle celle à venir de François Hollande. De Gaulle comme Pompidou ne descendront jamais sous les 50 % d’opinions favorables. Voyons des éléments plus comparables. Du côté de l’autre président socialiste de la Ve République, François Mitterrand, qui fut lui aussi très impopulaire, notamment hors des périodes de cohabitation. En janvier 1985, sa cote de popularité est au plus bas, seulement un tiers des Français lui font confiance. 


Un journaliste : "Vous êtes, dans les sondages, impopulaire..."

François Mitterrand : "Impopulaire, mettez ça entre guillemets. Il est certain qu'il y a une majorité de Français qui n'approuve pas la politique que nous menons et que je mène donc. De là à parler de popularité ou d'impopularité, attendez la suite... J'ai été élu pour sept ans, je remplirai mon devoir pendant le temps qui m'est donné. Pour le reste et au-delà, cela ne figure même pas dans mon subconscient."

Et dans l’au-delà, Mitterrand redevient très populaire au moment de sa mort, en janvier 1996. Bruno Masure, présentateur du journal de 20h de France2 explique alors :  "Si l'on en croit un sondage Ifop publié demain par Le Journal du Dimanche, François Mitterrand a été pour 43 % des Français le meilleur président de la Ve République devançant Charles de Gaulle 38 %, Valéry Giscard d'Estaing 8 % et Georges Pompidou 7 %."

La star Jacques Chirac

Avec le temps, Mitterrand laissera la place à Charles de Gaulle au sommet des présidents mais, aujourd’hui, deux tiers des Français pensent qu’il fut un bon président. Mais le parallèle le plus rassurant pour François Hollande doit se trouver chez un autre président, Jacques Chirac. À l’été 2009, la "Chirac mania" s’empare de la France. "Fini le spleen, les sondages l'encensent. Retraité, jamais : l'ancien président renaît à ses amis, raconte un journaliste. Presque une nouvelle vie, 74 % de bonnes opinions, Jacques Chirac reprend du service. Des mémoires en préparation, une fondation à son nom et des rendez-vous tous azimuts. L'ex n'a jamais été aussi présent et les anathèmes aujourd'hui sont presque démodés."

Plus impressionnant encore, pendant qu’il était hospitalisé en septembre 2016, 83% des Français disaient avoir un bon souvenir de ses deux mandats présidentiels. Pour un peu, on en oublierait presque cela.  "Le président de la République Jacques Chirac poursuit lui aussi sa descente avec moins deux points, explique alors la journaliste Elise Lucet. Ils ne sont plus que 17 % à lui faire confiance contre 81% d'un avis contraire. C'est le pire score d'un chef d'État sous la Ve République."

Attendons l'avenir

Schizophrène ou amnésique, les Français ? Toujours est-il qu’on le voit, le temps fait son œuvre. Il façonne l’image d’un président, l’améliorant, probablement par comparaison avec ses successeurs. Alors, patience François, cette courbe-là devrait, elle, un jour s’inverser.

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