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Histoires d'info. Jeux Olympiques et puissance, un lien ancien et fort

Paris va être officiellement désignée mercredi, la ville hôte des jeux Olympiques de 2024. Et ce n’est pas un hasard, la désignation d’un lieu par le CIO est aussi un certificat de puissance.

Article rédigé par franceinfo
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Préparation des festivités pour la nomination de Paris comme ville hôte des Jeux Olympiques de 2024 sur l'Esplanade du Trocadéro. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Cela fait près d'un siècle que Paris n’a pas organisé les Jeux olympiques. Pourtant la capitale française s’était portée candidate depuis les jeux de 1924, mais elle a toujours essuyé des échecs. La dernière défaite remonte à juillet 2005. Paris perdait face à Londres pour l’organisation des JO de 2012. En 2005, on évoqua d’abord la qualité du lobbying de Londres ou le fait que Paris avait été trop naïf, mais très vite, la récurrence des échecs, et celui-ci en particulier, a été analysée plus largement comme le signe indéniable du déclin de la France. Le pays étant alors pressenti comme vieillissant et insuffisamment moderne, à la différence de ses vainqueurs, Barcelone en plein boom en 1992, Pékin, le nouveau géant chinois en 2008 ou encore la cosmopolite et moderne Londres en juillet 2012.

En 2005, une ambiance pessimiste

L’échec de Paris en 2005 s’inscrivait dans un contexte particulièrement décliniste en France. Deux ans plus tôt, Nicolas Baverez avait triomphé avec son essai La France qui tombe, et l’on considérait que la France avait également payé des choix géopolitiques qui avaient pu l’isoler. On peut citer le refus de la guerre en Irak en 2003 et quelques semaines avant la session du CIO à Singapour, le non au référendum sur la constitution européenne. De fait, il n’est pas impensable que certains membres du CIO aient voulu "punir" la France. Toujours est-il que cet échec de 2005 fut analysé comme le symptôme, l’expression d’une France déclassée.

Obtenir les JO est un certificat de puissance

Il est passionnant d’analyser les choix des villes olympiques. Il y a là des logiques à l’œuvre. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, dans un monde dominé par l’Europe et les Etats-Unis, c’est là que s’organisent tous les jeux Olympiques, avant de s’internationaliser après la Guerre. Le miracle japonais symbolisé par l’organisation des Jeux à Tokyo en 1964, véritable vitrine de la technologie nippone, avec l'inauguration du train à grande vitesse, le Shinkansen, et le premier ralenti couleur grâce à Fuji. Ensuite, arrive le miracle allemand avec les JO de Munich en 1972, et plus tard en 1988, les Jeux de Séoul, qui symbolise l’explosion économique de ces Etats qu’on appelle les NPIA (Nouveaux Pays Industrialisés d’Asie : Corée du Sud, Singapour, Hong-Kong et Taiwan). Puis, c’est l’heure des grands pays émergents : la Chine avec Pékin en 2008, le Brésil avec Rio en 2014

Renouer avec la puissance

Dans ces conditions, pour Paris et la France, il ne s’agit pas seulement d’organiser les jeux Olympiques et Paralympiques, soit quelques semaines d’épreuves sportives, mais bel et bien de renouer avec la puissance que lui confère le simple fait de les organiser.

L’attribution des JO n’a rien de démocratique. Rappelons en effet que ce sont les membres du CIO qui attribuent les Jeux, parce qu’il faut rappeler qu’ils ne représentent en rien les rapports de force internationaux, comme le ferait par exemple le FMI. Parmi les 94 membres actifs du CIO, la nationalité la plus représentée est…la Suisse avec quatre membres. La France, les Etats-Unis ou le Chine n’en comptent que trois. La Russie en a deux comme le petit Luxembourg. Bref, rien de bien représentatif et pourtant, on l’a vu, le CIO décerne tous les quatre ans, un brevet de puissance ou d’impuissance à des Etats.

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