Guerre entre Israël et le Hamas : la troisième phase
Le quartier de Dahiyeh, situé au sud de Beyrouth, n'est plus un sanctuaire. Mardi 2 janvier, le numéro deux du Hamas, Saleh al Arouri, a été tué par deux missiles tirés depuis un avion israélien d'après les services de sécurité libanais cités par la presse israélienne. Sur la façade de l'immeuble, les dégâts sont impressionnants et dans la région, on a encore du mal à savoir de quel côté la pièce va retomber.
Comme à chaque fois qu'un cap est franchi, on craint l'embrasement avec l'implication totale du Hezbollah, dirigé par Hassan Nasrallah qui avait, hasard du calendrier, programmé un discours fleuve le jour suivant. "Si l'ennemi pense mener une guerre contre le Liban, notre combat sera sans limite", disait-il mercredi.
Israël n'a pas revendiqué l'assassinat mais mercredi, devant la tombe d'un ancien chef des services des renseignements, le patron du Mossad, David Barnea, rappelle que les massacres du 7 octobre ont déclenché une guerre absolue. "Le Mossad se doit de régler ses comptes avec les assassins qui ont attaqué les villages frontaliers le 7 Octobre", affirmait-il. Cette politique des assassinats ciblée apporte la première vraie grande prise pour Israel qui peine a démontrer à Gaza qu'elle est sur la voie de "l'anéantissement du Hamas".
Le "début du regain de la crédibilité dissuasive d'Israël"
L'assassinat de Saleh Al Arouri marque aussi la fin des tractations laborieuses en Egypte pour tenter d'avancer sur la libération des otages et sur une trêve à Gaza. Il arrive alors que les États-Unis allègent leur dispositif avec le départ d'un de leurs deux porte-avions dans la région, et ce malgré les attaques répétées des Houthis du Yémen contre les navires marchands et les échanges de tirs quotidiens à la frontière entre Israël et le Liban. Pour Frédéric Encel, spécialiste des relations internationales, "c'est le début du regain de la crédibilité dissuasive d'Israël."
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie en Europe estime que la solution ne viendra pas des belligérants. À Strasbourg, des députés poussent pour une action européenne en faveur d'une solution négociée.
"Si la guerre continue, la rive européenne de la Méditerranée risque d'être entraînée dans ce conflit."
Bernard Guetta, député Européen Renew
En attendant, la guerre s'installe et les conditions de vie se dégradent continuellement à Gaza. La ville de Rafah, tout au sud, est devenue le secteur le plus dense de l'enclave. Les gens vivent sous des bâches de plastique qui leur servent de tente. "Il vous faut une journée entière rien que pour trouver les choses de base", explique Amjed Tantesh, réfugié à Rafah. Cet homme était responsable d'un club de natation au nord avant la guerre, il est aujourd'hui dans une situation de survie.
La troisième phase de la guerre
Faute de peser véritablement sur les événements, plusieurs grands pays ont dénoncé cette semaine la politique du pire prônée par deux ministres d'extrême droite qui souhaite installer les Gazaouis dans d'autres pays. De son côté, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a présenté au cabinet de sécurité un plan pour l'après-guerre sans présence Israélienne à Gaza et sans la gouvernance de l'autorité Palestinienne.
"On est quasiment déjà dans la troisième phase au nord de la bande de Gaza."
David Khalfa, co-Directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord & du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès
David Khalfa, co-directeur de l'observatoire de l'Afrique et du nord et Moyen Orient à la Fondation Jean Jaures, estime qu'Israël est "quasiment déjà dans la troisième phase au nord de la bande de Gaza où les combats sont de bien moindre intensité, ce qui explique le redéploiement de plusieurs brigades. C'est à la fois le résultat de la pression américaine mais aussi du besoin de relancer l'économie."
Dans cet épisode : Willy Moreau et Sandrine Malon, Frédéric Encel, Bernard Guetta, David Khalfa
Technique : Cherif Bitelmaldji
Réalisation : Étienne Monin et Pauline Pennanec'h
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