Sophia, 28 ans : "Le mal-logement, c'est le grand absent de la présidentielle"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Mardi 22 février, rencontre avec Sophia, 28 ans, candidate aux législatives dans la sixième circonscription des Bouches-du-Rhône.
On est à la Sauvagère, un quartier populaire de 3 000habitants situé dans le sud de Marseille. Ici, l’école primaire se trouve à l’intérieur de la cité. Juste en face, le centre social est à l’abandon depuis plus de 15 ans. A l’entrée de certains immeubles, on doit parfois enjamber des trous à rats. C’est ici que Sophia est arrivée à l’âge de 7 ans, obligée de fuir la guerre civile en Algérie avec sa famille. Elle a connu les centres d’hébergement d’urgence, l’hôtel, et même la rue.
Aujourd’hui, Sophia a 28 ans et elle a décidé de se porter candidate aux prochaines élections législatives, sans étiquette pour l’instant. L'un des combats qu'elle mène est la lutte contre le mal-logement.
"Mes petites utopies sont nées en regardant l'état de la chaussée et le centre social fermé"
L'engagement de Sophia pour les questions sociales est né à l'âge de 15 ans en même temps que les portes du centre social du quartier se sont fermées. "Mes premiers émois d'engagement sont nés ici, sur les petits murets qu'on peut voir autour. Mes petites utopies sont nées en regardant l'état de la chaussée ou le centre social, fermé depuis plus de 15 ans."
Quand je vois qu'on laisse des gens vivre dans ces conditions, toute jeune enfant ça m'a marqué et ça m'a donné envie de m'engager.
Sophia, 28 ans
Sophia a eu très tôt envie de s'engager pour ses voisins, sa famille ou les gens qu'elle croisait à l'école. Elle raconte avoir passé plus de temps en manifestations que sur les bancs de l'école. Sophia a milité dans de nombreuses associations, comme la ZEP, un média qui donne la parole aux jeunes de quartiers défavorisés.
"On ne peut pas être la France quand on sait que des enfants dorment dehors"
"Le mal-logement, c'est le grand absent" de la campagne présidentielle, regrette Sophia. "On ne peut pas être la France quand on sait que des enfants dorment dehors", ajoute la jeune candidate aux législatives de 2022. "Il y a 15 millions de personnes en France qui vivent plus ou moins dans ces conditions", explique Sophia en citant le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement qui estime à 14,6 millions le nombre de personnes fragilisées par la crise du logement. "Ce n'est pas du dogmatisme ni de l'idéologie, c'est du concret", ajoute Sophia.
"Cette classe politique je la trouve méprisante"
Le milieu politique, Sophia le côtoie. Elle a été collaboratrice parlementaire au Sénat, cheffe de cabinet à la mairie de Paris et désormais candidate de gauche aux prochaines législatives, sans étiquette pour l'instant. Pourtant, le constat reste le même. Elle ne se sent pas entendue par la classe politique. "Cette classe politique, je la trouve un peu méprisante, pas assez à l'écoute, alors qu'on est juste en train de réclamer que les gens qui habitent dans les immeubles vivent plus dignement que ce qu'on voit là."
Pour moi, ce qui se fait sans nous, se fait contre nous.
Sophia, 28 ans
Pour Sophia, il est important que les jeunes des classes populaires ne se détournent pas de la politique. Pour encourager cela, elle a co-fondé "Tous Elus", un mouvement citoyen qui pousse les jeunes des milieux populaires à oser la politique. "J'ai envie de transmettre un maximum ce que j'ai appris pour qu'ils puissent prendre le relais et ne plus laisser faire à notre place."
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