Dinks, 22 ans : "Nous, les jeunes des quartiers populaires avons besoin d'être au centre des débats"
Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-30 ans. Mardi 15 février, rencontre avec Dinks, 22 ans, responsable associatif et politique dans les quartiers Nord de Marseille.
Direction le quartier des Olives, dans le nord de Marseille (13ème arrondissement). Dans le square, des adolescents improvisent un barbecue, posés sur des scooters, la musique dans les haut-parleurs. Un peu plus haut, deux guetteurs sont assis sur un banc. C’est ici que Dinks, 22 ans, est né. Ce qu’il a vécu ici l’a poussé à s’engager.
"On est dans un effet tunnel où on ne sort jamais des quartiers populaires"
Dinks est à la fois coordinateur des quartiers Nord pour le parti la Gauche Républicaine et Socialiste (GRS) et responsable associatif. Il lutte contre le décrochage scolaire et l’absorption délinquante.
Dans les quartiers populaires, Dinks regrette "un effet tunnel". "On ne sort jamais des quartiers. On a l'école juste à côté, on a la pharmacie, l'épicerie...On n'est jamais amenés à sortir, à rencontrer des gens et à voir autre chose".
Même s'il n'aime pas ce mot, Dinks dénonce une forme de ghettoïsation. Ce jeune père de famille veut "réinjecter de la République dans les quartiers."
"Il faut permettre aux gens de voir autre chose. On ne développe pas ça ici. On les méprise et on les laisse avec leurs difficultés."
Dinks, 22 ansà franceinfo
Dans le quartier des Olives, il y a quatre stades de foot. Dinks voudrait que l'on construise autre chose dans les cités. "La bibliothèque la plus proche est à cinq kilomètres d'ici", lance-t-il agacé. "Il y a des footballeurs qui sortent de nos quartiers mais ça serait bien qu'il en sorte aussi des littéraires, des docteurs et des ingénieurs."
"Qu'est-ce qui crée la délinquance ? C'est la misère !"
Le jeune Marseillais de 22 ans tient à rappeler que les premières vicitimes de la délinquance sont les habitants des quartiers. "Quand tu nais dans un quartier populaire, la délinquance tu la vois et tu la vis". Dinks sait de quoi il parle. Il a perdu son père quand il avait 5 ans et son frère quand il en avait 10, à cause des règlements de comptes. "C'est à cause du manque du République. Qu'est-ce qui crée la délinquance ? C'est la misère."
"Plus jeune je me suis donné un objectif, celui d'essayer de changer les choses et de donner une image positive aux jeunes des quartiers populaires."
Dinks, 22 ans
Aujourd'hui, Dinks voudrait qu'au-delà des clivages politiques, la parole des jeunes soit mieux prise en compte. "Nous les jeunes des quartiers populaires avons besoin d'être au centre des débats". Pour lui, cela ne suffit pas de dire aux jeunes d'aller voter. "Je vais leur dire d'aller voter, ils vont le faire et ils vont voir qu'il n'y a pas de suivi. Je ne peux rien faire face à ça."
S'engager auprès des jeunes pour ne pas qu'ils connaissent ce qu'il a vécu, voilà le sens de l'engagement de Dinks. "Je ferai le maximum pour les tirer vers le haut. Je ne pourrai pas les quitter."
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