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Anouk, 21 ans, étudiante en art : "C'est important de considérer le travail du sexe comme un métier"

Tous les jours, Manon Mella donne la parole aux jeunes de 18-28 ans. Jeudi 30 septembre, rencontre avec Anouk, 21 ans, étudiante en art à Strasbourg.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
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Publié Mis à jour
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Anouk, 21 ans, étudiante en art à Strasbourg, devant la gare de Nancy. (MANON MELLA / FRANCEINFO)

Les réseaux sociaux, les séries et les films offrent aux jeunes des espaces pédagogiques où les questions de sexualité et de genre sont abordés sans tabou. La parole se libère, s'interroge et s’affranchit de certaines représentations. Anouk a 21 ans. Elle est étudiante en art à Strasbourg. A travers ses peintures, elle entend déconstruire un certain nombres de stéréotypes.

Dans son travail, l'étudiante en art questionne la représentation du corps notamment à travers des personnages qui n'ont ni sexe, ni genre défini : "J'incarne dans mon travail un personnage qui n'a pas de référentiel physique. Cela permet de se réapproprier son corps." Selon Anouk, "c'est important de donner des regards alternatifs par rapport à une vision hégémonique transmise par les médias de masse et même la pornographie ou juste le modèle hétérosexuel très normé".

"J'aimerais lutter pour que chacun et chacune aient la possibilité d'avoir le rôle qu'il ou elle souhaite"

Sa démarche artistique est-elle politique ? "Oui, je le vois comme ça", répond Anouk qui se dit "indignée" par toutes sortes de choses : "Je suis assez indignée qu'on appose sur moi un rôle que je devrais jouer", dit-elle, faisant référence au genre féminin qu'on lui assigne. "Je sais que j'ai les mécanismes de comportements d'une fille, que je performe un rôle de femme hétérosexuelle. Je sais que j'entre dans ces codes dus à mon éducation mais je sais aussi que ça vient de constructions", analyse Anouk.

"A partir du moment où on va déconstruire ces codes en se mettant en opposition à ça, on va être tout de suite assez stigmatisé. J'aimerais lutter pour que chacun et chacune aient la possibilité d'avoir le rôle qu'il ou elle souhaite sans qu'il y ait de stigmatisation", explique-t-elle. 

"Le travail du sexe peut être aussi une prise de pouvoir"

Dans ses travaux artistiques, Anouk s'intéresse aussi au travail du sexe "parce que je le pratique", confie-t-elle. Le travail du sexe est selon elle "souvent vu comme un asservissement mais ça peut aussi être une prise de pouvoir sur son corps", tout en insistant sur le fait d'être "consciente qu'il y a des personnes contraintes à faire ce métier". Mais "c'est important de considérer le travail du sexe comme un métier pour qu'il y ait des droits et une protection sociale", détaille Anouk.  

Pour elle, le travail du sexe "c'est un choix et c'est aussi politique". Considérer ces métiers comme "très dégradants" est "une forme de discrimination est de non-reconnaissance du choix et de la liberté de la personne, selon le jeune femme. Si on a ce genre de pratiques on va devenir une mauvaise personne et ce qui va nous qualifier ça va être une insulte directement."

Concernant la pornographie, Anouk rappelle que "c'est l'une des choses les plus regardées par la population donc c'est un véhicule de représentations énorme". En 2018, une étude OpinionWay évaluait à 62% la part des jeunes à avoir vu des images pornographiques avant d’entrer au lycée. "Changer les représentations qu'il y a dans ce medium-là, c'est aussi très important", conclut Anouk.

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