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1914-1918, franceinfo y était. 6 juillet 1917 : Lawrence d'Arabie ou la légende du désert

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Lawrence d'Arabie ou la légende du désert".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Lawrence d'Arabie, à gauche. (MAXPPP)

Nous partons pour le désert d’Arabie, le port d’Akaba, encaissé dans les montagnes sur les bords de la mer Rouge. La ville vient de tomber aux mains d’une troupe de rebelles arabes, des tribus bédouines surgies du désert qui l’ont enlevée aux Turcs ottomans alors même que les Anglais n’osaient pas l’attaquer par la mer. Grégory Philipps, vous êtes sur place avec cette colonne de cavaliers commandée par un chef bédouin et un jeune officier britannique qu’on commence à surnommer Lawrence d’Arabie. C’est lui d’ailleurs qui vous a permis de rejoindre cette expédition, aux allures d’odyssée…

Nous avons vu cette colonne de Bédouins, une armée d’environ 2 000  hommes, la tête recouverte de leur traditionnel keffieh, déferler sur le port d’Akaba. Tous étaient juchés sur des chameaux ou des pur-sang arabes. La cavalcade s’est déroulée dans un gigantesque nuage de poussière rouge. Il faut dire que le khamsin, ce vent de sable dont on dit qu’il peut rendre fou, souffle ici depuis plusieurs jours. Il n’a cependant pas empêché les Bédouins de conquérir Akaba aux premières heures de la matinée, sans rencontrer de résistance : les Turcs ottomans retranchés dans le fort se sont rendus sans combattre. Il y a eu deux morts côté arabe, quand on dénombre 1 200 tués ou prisonniers du côté des ottomans. C’est donc une victoire pour Thomas Edward Lawrence et son allié Aouda Abou Tayi, qui dirige la tribu des Howeitat. L’alliance du redoutable Bédouin et du jeune Anglais a ainsi eu raison des Ottomans d’Akaba. Il faut dire que la troupe à cheval et à chameau a été aidée par les navires de guerre de la Royal Navy, qui ces dernières heures n’ont pas cessé de bombarder la forteresse.

Pouvez-vous nous en dire un petit peu plus sur ce mystérieux Lawrence d’Arabie ? Sait-on qui il est ?

Ce jeune homme au visage frêle et au regard bleu acier n’a que 29 ans. Il a été formé à l’université d’Oxford. Il parle le grec, le latin, et bien sûr l’arabe. Comme ses hommes, il porte l’habit traditionnel des Bédouins et connaît très bien la région. Il en a sillonné tous les déserts, en Syrie, en Mésopotamie, en Égypte avant-guerre. Cet historien archéologue a même réalisé un relevé cartographique du Sinaï. Il connaît donc sur le bout des doigts ce peuple qui aujourd’hui se prend à rêver d’une nation arabe, qui irait d’Alep jusqu’à Aden, au Yémen.

Lawrence a rallié le Bureau arabe du Caire en novembre 1916. Il est attaché aux forces arabes depuis un peu plus de six mois. Lawrence d’Arabie, comme on le surnomme donc désormais, a aussi l’oreille du chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, que l’on appelle le roi des Arabes.

Ces hommes ont réalisé une véritable épopée, qui se termine aujourd’hui à Akaba…

Vous avez raison : imaginez une traversée du désert de plusieurs centaines de kilomètres. Il y a deux mois, Lawrence et une petite quarantaine de Bédouins combattants ont quitté Hedjaz, dans la péninsule Arabique, et au fur et à mesure de leur progression ils ont recruté cette troupe de 2 000 hommes environ. Dans ce désert, ils ont affronté les tempêtes de sable, la canicule, les piqûres de scorpion, les morsures de serpent et les Ottomans croisés sur la route. Qu’importe, ces Bédouins au regard dissimulé derrière leur foulard sont parvenus à prendre Akaba ce matin, sur la mer Rouge. Ils se sont ainsi emparés de l’une des portes de la région ; le désert du Sinaï est désormais à portée de main. Aux confins de l’Arabie et de la Transjordanie, Akaba était une prise essentielle pour la guérilla arabe.

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