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1914-1918, franceinfo y était. 25 février 1917 : Un pays en ruine

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Un pays en ruine".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Sébastien Paour
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les Allemands sont contraints de se retirer après leur défaite à Verdun et dans la Somme, non sans détruire les villages par lesquels ils passent.  (GALLICA / BNF)

Nous sommes le 25 février 1917. Un pays dévasté, c’est tout ce que les Allemands ont laissé derrière eux en reculant leur ligne de front dans le nord de la France, décision de leur nouveau commandant en chef, le maréchal Hindenburg, après leur défaite à Verdun et la bataille de la Somme. Du coup, certains villages occupés, parfois depuis le début de la guerre, sont débarrassés des troupes du Kaiser, mais à quel prix ? Sébastien Paour, vous avez pu vous rendre dans ce no man’s land, Villeret très exactement, dans l’Aisne. C’est une bien triste vision qui vous attendait…

On dirait en effet que les Allemands ont voulu laisser derrière eux une terre brûlée – c’est littéralement le cas ici, ils ont détruit complètement ce village d’environ un millier d’habitants à quelques kilomètres du Nord et de la Somme. C’est un paysage de désolation… La mairie et l’église ont été piégées à l’explosif, des obus ont été mis au fond des puits pour faire sauter les fondements mêmes du village de Villeret, des maisons et des vergers ont été rasés, les arbres abattus, les ponts démolis, les champs inondés. À quelques kilomètres au nord-ouest du village, le château du Grand-Priel a, lui aussi, été totalement dévasté par les Allemands avant leur départ ! Il n’en reste que la grande grille…

Sébastien, que sont devenus les habitants ?

Les habitants ont eux aussi quitté les lieux… Les villageois voisins décrivent le rassemblement de tous ces hommes et ces femmes partis à pied, avec de gros sacs d’environ 25 kilos chacun. Ils se seraient dirigés vers les Ardennes, vers Revin peut-être…

Vous nous racontiez que des Anglais avaient trouvé refuge pendant plusieurs années dans ce village…

Les villageois voisins nous ont parlé de quatre Anglais piégés par l’avancée des troupes allemandes qui, contrairement aux autres soldats et malgré l’appel lancé par les soldats ennemis, n’ont pas souhaité quitter Villeret. Ils s’y sont intégrés, se sont fondus dans la population. Tout le monde les connaissait puisqu’on parle d’eux en citant leurs prénoms : on les appelle Robert, Thomas, David et William. Tous les quatre étaient restés dans le village passé sous contrôle allemand il y a deux ans et demi. L’un d’entre eux a même eu une fille avec une villageoise. Tous les quatre ont appris le patois picard pour s’intégrer. Et ils ont été dénoncés l’an dernier, puis fusillés par les Allemands.

Autre information qui circule : on parle d’un camp de prisonniers russes. Est-ce que vous confirmez ?

Manifestement, oui… Les villageois voisins évoquent un camp au nord du village de Villeret, installé dans une ancienne carrière, où se sont installés à l’automne dernier des milliers de prisonniers russes, venus ici a priori pour construire la nouvelle ligne de front raccourcie souhaitée par Hindenburg. Ils seraient arrivés dans des conditions déplorables, épuisés, amaigris, affamés… Certains mangeaient des racines crues  ! Puis ils auraient été parqués dans des logements insalubres.

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