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1914-1918, franceinfo y était. 2 septembre 1914 : Le gouvernement quitte Paris en catimini

Cent ans après la Première guerre mondiale, franceinfo raconte les événements clés de 1914-1918 comme s'ils venaient de se passer. Aujourd'hui, "Le gouvernement quitte Paris en catimini".

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Grégory Philipps
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La gare d'Auteuil qui a vu le départ du président de la République et du gouvernement Viviani. (©)

C’est une information France Info : le président de la République et le gouvernement Viviani viennent de quitter Paris. Ils sont partis discrètement pour Bordeaux peu avant 23 heures de la gare d’Auteuil. Raymond Poincaré et ses ministres suivent les parlementaires qui ont quitté la ville cet après-midi de la gare d’Orsay face à l’avance et à la pression de l’armée allemande sur Paris. Grégory Philipps, vous êtes en direct de la gare d’Auteuil et vous avez pu assister au départ du président et du gouvernement…

Oui, et c’est une information capitale que je suis en mesure de vous confirmer à l’heure qu’il est : il y a une demi-heure environ, nous avons vu arriver ici, gare d’Auteuil, dans l’ouest de Paris, le gouvernement au grand complet, le président Poincaré, le ministre de la Guerre Millerand, tous les autres membres du cabinet mais aussi leurs épouses, les chefs de cabinet, les collaborateurs civils et militaires, le corps diplomatique : tout le monde a embarqué à bord d’un train qui, normalement, doit les mener jusqu’à Bordeaux.

C’est un départ en catimini, ainsi justifié dans un communiqué publié il y a quelques minutes seulement : "Pour veiller au salut national, les pouvoirs publics ont le devoir de s’éloigner pour l’instant de la ville de Paris." On sait qu’un peu plus tôt dans la journée deux trains en partance de la gare d’Orsay ont acheminé parlementaires et fonctionnaires en dehors de la capitale. Et si le président Poincaré est parti, lui, dans la soirée, presque au cœur de la nuit, depuis cette gare d’Auteuil, c’est sans doute pour éviter des manifestants qui auraient peut-être conspué son départ.

Est-ce que vous avez pu savoir dans quel état d’esprit se trouvait le président ?

Impossible d’échanger avec le chef de l’État, mais l’un de ses proches nous a confié avant le départ que le président de la République a longuement hésité, craignant une révolution s’il quittait Paris, mais qu’il est aujourd’hui persuadé que le gouvernement doit partir s’il veut demeurer libre d’agir. C’est d’ailleurs le sens de la proclamation à la population parisienne que Poincaré et ses ministres viennent de signer.

Mais en vérité, Poincaré avait-il le choix  ? C’est une question qu’on peut se poser. Vous savez que les Allemands ne sont plus très loin, le général von Kluck et ses hommes sont positionnés à Chantilly, la cavalerie allemande n’est plus qu’à quelques dizaines de kilomètres de Paris. Hier encore, une bombe allemande est tombée en plein centre de la capitale, faisant un mort et seize blessés.

Grégory, ce départ ne risque-t-il pas d’accélérer l’exode de la capitale ?

C’est évidemment le risque... D’après nos informations toujours, les ministères, la Monnaie, le Journal officiel, la Banque de France vont devoir déménager, comme d’ailleurs la plupart des ambassades. Même les verrières de Notre-Dame et les tableaux du musée du Louvre vont devoir, sans doute, d’ici quelques jours, être mis à l’abri.

Grégory Philipps en direct de la gare d’Auteuil. Rappelons l’information essentielle : le président de la République et le gouvernement viennent de quitter la capitale.

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