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Pannes d'Internet en Corée du Nord : pourquoi s'attaquer à un pays si peu connecté ?

En pleine affaire entre Sony, les Etats-Unis et la Corée du Nord, le pays dirigé par Kim Jong-Un a été déconnecté d'Internet pendant plus de neuf heures.
Article rédigé par Thomas Rozec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (© Maxppp)

Pendant neuf heures et demi dans la nuit du lundi au mardi 23 décembre, la Corée du Nord a été coupée d'Internet. Une interruption de connexion qui s'est ensuite renouvelée pendant une demi-heure en fin de soirée mardi, heure locale de Pyongyang selon une société américaine de cybersécurité Dyn Research.

Une coupure d'Internet que beaucoup ont jugé suspect à la lumière du feuilleton diplomatique, cinématographique et numérique impliquant le studio de cinéma Sony Pictures, les Etats-Unis et le régime de Kim Jong-Un. Vendredi, le FBI accusait la Corée du Nord d'être derrière le piratage informatique à grande échelle du studio hollywoodien aux prises avec la diffusion du film "L'Interview qui tue" - d'abord annulée puis autorisée dans certains cinémas américains indépendants. Dimanche, le président américain Barack Obama annonçait une "réponse proportionnée".

Pour Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet de conseil Solucom interrogé par France Info, l'accès à Internet est certes très difficile en Corée "où les utilisateurs sont très restreints et font partie d'organisations gouvernementales" mais il n'est pas si compliqué de l'attaquer. "Les connexions passent toutes par un seul opérateur chinois et les tuyaux qui raccordent le pays à Internet sont de taille très réduites" , souligne-t-il, contrairement à d'autres pays européens.

Un opérateur chinois pour quatre réseaux de connexion

La Corée du Nord, "dont il y a très peu d'informations sur la qualité de son service Internet" , ne compte qu'un peu plus d'un millier d'adresses IP pour près de 25 millions d'habitants. Dyn Research pointe qu'avec quatre réseaux de connexion, le pays est loin derrière les infrastructures de pays composés par autant de population comme le Yemen (47 réseaux), l'Afghanistan (370 réseaux) ou Taiwan (5.030 réseaux).

Les causes et l'origine de cette interruption d'Internet sont toujours inconnues. Selon les sociétés Dyn Research et Arbor spécialisées de la cybersécurité, il s'agirait d'attaques par déni de service. Le département d'Etat américain n'a lui apporté aucune confirmation ou démenti.

Un scénario qui est peu probable selon Gérôme Billois. "D'une part, car le niveau de l'attaque est basique et peut être réalisée en achetant des services de déni de service pour quelques centaines ou milliers de dollars en ligne. Il est possible d'attaquer l'infrastructure petite et faible de la Corée du Nord sans avoir les moyens d'un Etat" . D'autre part, "leur couper l'accès à Internet n'a pas de conséquences sur l'économie et n'est même pas une démonstration de force".

Le consultant envisage davantage une cyberattaque d'un groupe d'activistes de type Anonymous "qui souhaiterait ajouter de l'huile sur le feu" dans cette histoire fortement médiatisée.

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