Alors que le statut de Première dame aux Etats-Unis estaussi flou qu'en France, Michelle Obama, qui vient de fêter ce week-end ses 50ans, a véritablement réussi à s'imposer, à devenir la quintessence de la femmemoderne, contemporaine et urbaine. Portrait.C'est unanniversaire passé quelque peu inaperçu en France, mais cette nuit, MichelleObama a fêté ses 50 ans. Oui, 50 ans. La First Lady , la Première dame, afait la fête avec Barack Obama à la Maison Blanche et elle a reçu un beaucadeau, ou plutôt une belle visite... Devinez qui ?C'estBeyoncé en personne qui est venue chanter, accompagnée de son mari Jay Z, etreconnaissez que tout le monde ne reçoit pas pour son anniversaire Beyoncé.Donc, on afêté l'anniversaire de Michelle Obama cette nuit à la Maison Blanche, on a budu vin américain, selon le New York Times , et mangé des macarons. On adansé aussi dans les salons dorés de la White House.Peut-on dire que Michelle Obama a réussi, en cinq années,à incarner la fonction de Première dame ? Elle aréussi, oui, à être à la fois une première dame glamour - l'icône globale parexcellence -, à s'engager socialement et à être une femme qui prend soin de safamille. Son succès sur ces trois registres à la fois est même spectaculaire. Pourtanttout avait très mal commencé pour Michelle Obama. D'abord,elle ne voulait pas venir habiter à la Maison Blanche ; et elle espéraitrester avocate (comme d'autres ont voulu rester journaliste). "Tout lemonde attendait que cette femme noire fasse une erreur ", racontent lesbiographes de la famille Obama.Etévidemment, l'erreur arrive : à l'été 2010, ses vacances sur la Costa del Sol auSud de l'Espagne avec 40 amis dans un hôtel cinq étoiles sont critiquées par lapresse, surtout en période de crise.Mais elle vavite se remettre de ses erreurs et trouve, enfin, son créneau ou plutôtses créneaux :1) D'abordle sport. Elle est connue pour ses biceps et elle les montre. Elle fait de la gym et du yogapour inciter les Américains à prendre soin de leur corps et à maigrir.2) Autrecombat, celui de la nutrition pour lutter contre la mal-bouffe et l'obésité.Elle cultive son jardin et se concentre sur l'alimentation diététique (sapréparation des choux de Bruxelles a fait récemment l'actualité).3) Et puisbien sûr le "social", car il y a traditionnellement à la MaisonBlanche un "bureau des affaires sociales", qui dépend de la premièredame.En creux, onle voit, ces thèmes ne sont pas pris au hasard, elle épaule le président sur lesocial et sur l'éducation.Michelle Obama c'est aussi un styleOn peut mêmedire que Michelle Obama, c'est d'abord un style. Elle s'habille simplement avecdes marques de prêt à porter comme J.Crew ou celle de jeunes couturiersaméricains de talent. Elle est une "Everyday Icon " , uneicône de tous les jours, pour reprendre le titre d'une biographie qui lui a étéconsacrée.****Mais cettepriorité accordée au style ne se fait pas au détriment du fond. Elle apparaît même aujourd'hui commecelle qui est la "gardienne des valeurs" de son mari.C'est elleaussi qui incarne les valeurs de la famille : une mère qui prend soin deMalia, 15 ans, et Sasha, 12 ans. Et du chien, n'oublions pas le chien, BO, c'est son nom. Et il aun titre, bien sûr : le First Dog (et une photo officielle).D'une imagecompliquée et critiquée au départ, Michelle Obama a finalement réussi a devenirelle-même. A trouver sa place . En cinq ans, elle est devenue laquintessence de la femme moderne, contemporaine et urbaine.Le fait qu'elle soit noire ajoute-il unesingularité ? MichelleObama sait qu'elle est constamment regardée, qu'elle n'a pas droit à l'erreur.Elle a choisi, dès le départ, de ne pas jouer la carte "noire", maiselle ne renie pas non plus son identité. Elle est "post-black ",comme on dit, en cela que sa couleur de peau n'est pas ce par quoi elle sedéfinit uniquement. Elle a plusieurs identités, parmi lesquelles, il se trouvequ'elle est la première First Lady black de l'histoire des Etats-Unis.On dit souvent qu'être First Lady est un statutaux Etats-Unis...Eh bien cen'est pas vraiment le cas, en fait. La First Lady n'est pas élue, ellen'a aucun rôle officiel aux Etats-Unis , sa place n'est écrite dans aucuntexte constitutionnel et elle ne reçoit pas de salaire. Bref, c'est comme enFrance : un usage, non pas un statut.MichelleObama dispose néanmoins d'un chef de cabinet, d'un attaché de presse, d'unconseiller social pour les bonnes œuvres. Guère plus qu'en France, mais si ellea sans doute plus de personnel à son service, et surtout beaucoup plus degardes du corps.Elle faitaussi des meetings et des discours, ce qui la différencie pour le coup de laFrance, comme celui-ci pendant la campagne présidentielle :MichelleObama lors de la convention démocrate en 2012. [](http://www.franceinfo.fr/ ""Lecture" ")En meeting, Michelle Obama racontait que Barack, lorsqu'il ladraguait, venait la chercher dans une voiture tellement pourrie qu'ily avait un trou au plancher et qu'elle voyait les pavés en dessous. En fait, comme enFrance, la First Lady imprime son propre style.Il y a eu l'engagementpolitique pour la santé d'Hillary Clinton et la philanthropie enmatière d'illettrisme de Laura Bush. Etavant elles, le glamour de Jacky Kennedy. Ecoutez bien, c'estun document d'archive, l'ouverture du dîner officiel à Paris, au Palais de Chaillot, le 2 juin 1961 : le président John Kennedyprend la parole.Je ne pense pasqu'il soit complètement inutile de me présenter devant vous :je suis l'homme qui a accompagné Jacqueline Kennedy à Paris, rôleque j'ai adoré".**Tout cela n'est pas sidifférent, finalement, de la France ?** Moinsdifférent qu'on ne le croit. Valérie Trierweiler aurait pu, et elle le peutpeut-être encore, incarner elle aussi une véritable première dame.On a apprishier soir qu'elle était sortie de l'hôpital dela Pitié-Salpêtrière et qu'elle se reposait actuellement à la Lanterne,la résidence de la présidence de la République à Versailles. Ça veut au moinsdire qu'elle n'a pas l'intention d'abandonner la fonction, à ce stade.Elle peutprendre appui sur des modèles français aussi : Claude Pompidou s'estintéressée aux beaux-arts ; Anne-Aymone Giscard-d'Estaing aux enfants endifficultés ; Danielle Mitterrand, astre très autonome, s'est tournée versl'international ; Bernadette Chirac s'est fait un nom avec l'opération"pièces jaunes"...Est-ce letweet de Valérie Trierweiler qui a fait la différence ? J'ai regardé , suivi quandmême par 5 millions de personnes ! Eh bien, elle twitte aussi, et mêmeplusieurs fois par jour, et cela ne pose pas de problème : tout est"sous contrôle".J'ai regardéenfin, pour finir, le premier, le tout premier article que Valérie Trierweilera signé dans Paris Match après son entrée à l'Elysée. C'était un compterendu d'une biographie d'Elenaor Roosevelt. Eleanor fut la première dame"sociale", elle est adorée par les Américains, encore aujourd'hui.Elle a été trompée par son mari (tout le monde le sait), comme JackieKennedy d'ailleurs : mais ça n'a pas empêché ces deux femmes d'être deuxdes plus grandes First Lady du XXe siècle.Je ne veuxpas être "une potiche " a dit Valérie Trierweiler : elleavait raison. Reste qu'il lui fallait trouver sa place. Ce n'est pasencore le cas. Michelle Obama, elle, a trouvé la sienne. Joyeux anniversaire. Bibliographie :* **Michelle Obama: A Woman ofSubstance , Vogue , 21/11/2012Michelle Obama and the Evolution ofa First Lady , New York Times , 06/01/2012A First Lady at 50, Finding Her OwnPath , New York Times, 16/01/2014– KateBetts, Everyday Icon, Michelle Obama and the Power of Style , Potter, NY, 2011– JohnHeilemann, Mark Halperin, Game Change, Obama and the Clintons, McCain andPalin, and the Race of a Lifetime , 2010JodiKantor, The Obamas, A mission, a mariage , 2012