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Avenir de la lecture, avenir des idées

A l'occasion du Salon du Livre, "France Info Idées" se penche sur l'état du livre en France, sur l'évolution de ses pratiques, en particulier du côté du numérique. Et sur l'impact de ces évolutions sur le débat d'idées, dont le livre physique reste aujourd'hui encore le principal pourvoyeur.
Article rédigé par Frédéric Martel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Les Français lisent moins qu'avant, mais leur attachement au livre, lui, se renforce. Selon une enquête du Syndicat national de l'édition,**** ils sont 70 % à avoir lu au moins un livre en 2013. Et en moyenne, les Français ont lu 15 livres par an, soit plus d'un ouvrage par mois.

A 84 %, les Français ne peuvent pas imaginer un monde sans livre. 95 % des Français pensent même que le livre est une source essentielle de connaissances.

Mais de quel(s) livre(s) s'agit-il ? Parle-t-on encore de livres papiers ou électroniques, les ebooks ? Aux Etats Unis, les ventes d'ebooks, sur tablettes ou liseuses, vont dépasser cette année celles des livres papiers. Regardons par exemple les dictionnaires ou les encyclopédies, remplacées de plus en plus souvent par des versions numériques ou en ligne.

Se pose alors la question de la légitimité de ces livres numériques. On sait que les thèses, les articles scientifiques, bref la recherche, est de plus en plus souvent électronique. Cela n'enlève rien à son sérieux, à ses qualités, à son "aura" pour reprendre le terme de Walter Benjamin.

Parfois, on entend que plus le livre disparait plus la pensée, le débat d'idées, s'affadit. Il est vrai que les livres sont l'un des transmetteurs du débat d'idées. Et en même temps, on a du mal en à imaginer de nouveaux véhicules que le livre. Prenons deux exemples : les mooks, ces revues-livres, et les MOOCS, ces cours massifs en ligne. Aux Etats-Unis, une étude a révélé que seulement 50 % des étudiants abonnés avaient ouverts un cours et que seuls 5 % avaient achevés le programme... Comme quoi il y a encore besoin de livres, et de professeurs.

Deux évolutions majeures au secteur du livre sont possibles dans le futur : d'abord l'abonnement . On a vu dans le cadre de la musique que l'on en achète de moins en moins, mais qu'on s'y abonne de plus en plus - à une bibliothèque illimitée par exemple. Idem pour le cinéma et les séries télévisées. Est-ce que cela va être la même chose pour les livres ? C'est tout le débat et des initiatives émergent déjà.

La recommandation , avec ses algorithmes, est la deuxième évolution possible. On sait que le Kindle d'Amazon sait quelle page vous êtes en train de lire, ce que vous soulignez, là où vous lisez plus vite ou encore lorsque vous vous arrêtez. Le Kobo de Rakuten / la Fnac, sait aussi si vous terminez votre livre ou non, votre vitesse de lecture, etc. Peu à peu ce ne sont plus seulement les lecteurs qui lisent les livres mais les ebooks qui se mettent à lire leurs lecteurs. Le futur est là, peut être inquiétant. Vous continuerez à lire des livres, mais désormais, se sont aussi les livres qui vous liront.

 

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