Traduction, littérature et Taiko au Japon
Prendre du champ, découvrir le monde. Corinne Quentin a été servie, lorsqu'elle a débarqué un beau matin à Tokyo, dans les années 80, au milieu de la fameuse bulle asiatique, cette période d'euphorie généralisée, de tous les possibles.
Corinne, née à Reims, grandie à Toulouse, avait choisi le Japon pour l'aikido, et pour y achever sa thèse en psychologie. A l'époque, elle avait 23 ans, tout était facile. Corinne a donné des cours de français, voyagé, écrit des articles, avant d'être embauchée au Bureau des copyrights français de Tokyo, une agence de traduction littéraire. " Depuis toujours, le Japon est un pays de traducteurs, un peuple très curieux, avec une grande soif d’apprendre des autres. Le biais de la traduction d’ouvrages étrangers a toujours été un moyen important d’apprendre. Très intéressés par production éditoriale européenne, et en particulier française. Dans tous les domaines, littérature plutôt en retrait, par rapport à l’après-guerre, où il y a eu une sorte d’Âge d’or, jusque dans les années 80 où les Japonais ont moins apprécié la littérature française mais ont continué à s’intéresser aux sciences humaines, à ses écrits universitaires. Les Français qui viennent ici faire des conférences auraient la curiosité, mais ils n’ont pas à leur disposition tous ces outils, traductions d’ouvrages étrangers. Pour la littérature, pas mal de choses traduites du japonais, mais hors littérature, tous les autres domaines (recherche, pensée), vraiment peu de choses du Japon vers l’étranger en général. "
En plus des arts martiaux, Corinne s'est passionnée pour le Taiko, ce tambour traditionnel japonais. Elle a intégré une école de percussion de Tokyo, qu'elle accompagne chaque année pour une tournée en Europe. " Y’a toutes sortes de tambours, moyens et plus grands. C’est une musique qui s’écoute et se regarde, et se joue avec tous le corps. Depuis quelque temps, pratique beaucoup moins, s’y remettra. A une certaine époque, en faisait au moins 4 jours par semaine. On ne peut pas en jouer chez soi. Avait installé son tambour dans un petit studio insonorisé pour s’entraîner, et salles de répétition à l’école. " Corinne Quentin s'est mise au japonais. Elle habite dans Tokyo, où l'immobilier est pourtant hors de prix aujourd'hui, une maison confortable, au milieu de la verdure. C'est qu'à l'époque, il y a 15 ans, on trouvait sans problème à se loger. " Dans les années 80, plus d’occasions de ce genre. Japonais moins friands de leur vieille maison, si on voulait les louer ou les acheter, ils étaient prêts à les céder. Les nouvelles générations s’intéressent un peu plus à leur type d’habitat traditionnel, les vêtements traditionnels. Petit à petit, elles sont remplacées soit par des maisons, soit par de petits immeubles. " Corinne se souvient de ses débuts à Tokyo dans une chambre d'étudiant, avec coin cuisine, le fameux "4 tatamis et demi", sans douche ni baignoire, mais qu'importe. Les bains publics ici, font partie du décor, beaux et grands, avec saunas et bains chauds, qu'elle viendrait presque à regretter.
Aller plus loin
Le Bureau des copyrights français de Tokyo
Retrouver ce portrait dans Courrier Cadres, chaque mois, en kiosque, le magazine des cadres acteurs de leur vie professionnelle
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