Cet article date de plus de treize ans.

Moine et PDG dans la fripe en Inde

ll a réussi le mariage improbable entre capitalisme et renoncement matériel. Christian Fabre, devenu moine hindou, se partage sans complexe entre business et spiritualité.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Appelez-le Swami Pranavananda. Christian Fabre n’est plus le jeune Biterrois, fils d’un cheminot et d’une couturière, venu chercher fortune dans le cuir, en Inde, au début des années 70. Il avait 25 ans, et débarquait avec femme et enfant. Aujourd’hui, l’homme dirige une des plus grosses fabriques de textiles de Madras, dans le sud de l’Inde. Il approvisionne les grandes marques de prêt-à-porter françaises (Kenzo, Oxbow), fait travailler 23 usines, emploie 60.000 personnes, et avance 10 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Et pourtant, le PDG surbooké, sans doute l’un des plus importants contribuables indiens, ne possède rien en nom propre. Fidèle aux préceptes de son ordre monastique, il a fait don de tous ses biens à ses associés. Car l’homme est aussi un Swami, depuis qu’il s’est converti à l’hindouisme. Christian Fabre a découvert la spiritualité à un passage difficile dans sa vie : il venait de perdre son emploi et sa femme et son fils étaient rentrés en France. Coléreux, dépressif, accro à l’alcool et au tabac, Fabre se lance alors dans une longue introspection, et apprend à discipliner ses pensées et à apprivoiser ses émotions. « J’avais touché le fond, raconte le Swami. J’avais des voisins brahmanes, la caste traditionnelle des prêtres dans la hiérarchie hindoue. La femme m’invita un jour chez elle et, entre deux gâteaux de riz, me parla de respiration et de médiation. Ce fut l’illumination, je venais de découvrir un trésor. » Aujourd’hui, le sage a 62 ans. Il partage son temps entre les locaux flambant neufs de sa société, « Fashions International » et son ashram, l’ermitage qu’il a créé, perdu dans la forêt, dans la montagne, sur les hauteurs de Chennai. « Je suis Swami du matin au soir, explique l’homme à longue barbe en drapé safran, y compris lorsque j’exerce mon activité de PDG. Je peux recevoir un appel professionnel des Etats-Unis puis rencontrer un visiteur de l’ashram. Il n’y a pas de dichotomie. C’est dans la vie matérielle qu’il faut introduire du spirituel. » Ici, entouré de fidèles Indiens dévoués, le Swami prie, médite, et garde un contact permanent avec le monde extérieur grâce à sa connexion par satellite, et au forum de discussion qu’il anime régulièrement. Le fidèle de Shiva est branché. Il s’est offert un site internet interactif et reçoit aussi les voyageurs de passage qui ont bravé la route en lacets sans fin pour atteindre sa retraite dans les nuages.

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La Revue de l'Inde, (Les Belles Lettres), c'est d’abord une tentative pour exprimer la réalité indienne dans sa complexité et donner la parole à sa différence pour nous la rendre plus proche, nous y initier. L’Inde est à la fois à la racine de nos racines, et l’une des superpuissances de demain. La comprendre, c’est nous placer nous-mêmes dans un monde à la fois différent et familier, traverser un miroir.

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