Il bichonne les engins miniers au Kazakhstan
Ce n'est pas une gigantesque carrière à ciel ouvert, comme on pourrait l'imaginer, mais un champ de puits, invisible, au cœur des steppes du Kazakhstan battues par les vents et au milieu de chameaux en liberté. Bienvenue à Torktuduk, la mine d'uranium exploitée par Areva et le groupe kazakhstanais KazAtomProm.
Pas de gros engins ici donc, mais tout de même un parc de 350 véhicules à entretenir : des voitures, des minibus, des poids lourds ou d'antiques foreuses datant parfois de l'époque soviétique. C'est le job de Damien Gautreau, chargé de la maintenance de tous les équipements mobiles de la mine. "Le moment le plus dur, ça a été une coupure de courant en plein hiver , explique le jeune homme de 33 ans, ingénieur Arts et Métiers. On avait perdu les lignes à haute tension à cause d'une tempête. Donc, il a fallu tout passer sur générateurs et remettre en fonctionnement les champs de puits pour qu'ils ne gèlent pas. Ça a duré 3-4 jours, c'était assez intense !"
L'hiver au Kazakhstan est la saison que redoutent le plus les hommes et les machines, quand la température descend régulièrement à -30 -35°. "Il fait froid et les engins gèlent, constate le jeune homme. Il y a un gros travail d'anticipation : remettre en question la viscosité des lubrifiants, changer le type de carburant et toutes les huiles. Et sensibiliser les mécaniciens amenés à intervenir dans ce froid, c'est difficile aussi pour les organismes. D'autant qu'on est sur deux sites distants l'un de l'autre de 40 kilomètres. " Il faut dire qu'après sept ans passés en Afrique, déjà dans le secteur des engins miniers, le Kazakhstan a été un sacré dépaysement pour Damien Gautreau : "J'arrivais d'un pays francophone, donc il n'y avait pas de barrière de la langue. Ici, on entend parler russe et kazakh. Il a fallu s'adapter. C'est frustrant les premiers mois. On voudrait agir, s'adresser directement aux gens, mais on est obligé de passer par un interprète ."
Comme le millier d'employés du site, en majorité des Kazakhstanais, le Français prend ses repas et passe ses nuits à la base-vie, un grand bâtiment en étoile avec cantine et salle de gym. A Tortkuduk, les expatriés passent cinq semaines au Kazakhstan à travailler 12 heures par jour 7 jours sur 7, puis rentrent trois semaines en France. "Quand on est revenus du Niger avec mon épouse, se souvient-il, on s'est dit : pourquoi ne pas s'installer à Biarritz ? On avait cette liberté-là, ma femme n'avait pas repris son activité et on avait des amis et connaissances là-bas." Le couple et ses deux enfant de 5 et 7 ans vit donc dans un appartement du centre-ville. "C'est difficile de s'intégrer au Pays basque , reconnaît Damien, mais Biarritz, c'est particulier, c'est une ville cosmopolite. Il y a énormément de monde, ça vient de partout, de France et d'ailleurs. Ça nous a permis de rencontrer pas mal de gens ." Le Kazakhstan n'est qu'une étape dans la carrière de Damien Gautreau. Le Français devrait s'envoler dans les mois qui viennent à nouveau pour le Niger, toujours en rotation, à la mine d'uranium de la Cominak où il a déjà passé trois ans.
Le groupe français Areva et la compagnie minière nationale KAZATOMPROM créent en 1996 la société KATCO, détenant respectivement 51 et 49 % des actions. Le siège situé à Almaty, emploie aujourd'hui plus de 1.200 personnes à plein temps.
KATCO exploite un site comprenant deux mines au sud du Kazakhstan : Muyunkum et Tortkuduk . Parce que la teneur en uranium des gisements est faible, la méthode de récupération ISR (In Situ Recovery) est mise en œuvre.
• En 2013, KATCO a produit 3.558 tonnes d’uranium auxquelles s’ajoutent 447 tonnes en cours de production au 31 décembre soit un total de 4.005 tonnes d’uranium. .Ce nouveau record de production est le résultat d’un ambitieux programme "KATCO 4000" qui, lancé en 2009 par la société, visait à augmenter les capacités des infrastructures existantes..
* In-Situ Recovery (ISR) – Méthode d’exploitation pour extraire l’uranium des gisements de basse teneur où le minerai est dissous par l’injection d’une solution chimique au travers de puits. La solution ayant capté l’uranium est ensuite pompée jusqu’à la surface et envoyée vers l’usine de traitement.
Le consortium kazakhstanais Katko
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine
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