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Français du monde. Pénurie de profs dans les lycées français de l'étranger

Désintérêt du métier, sentiment d'insécurité, concurrence des établissements en France… A l'heure de la rentrée des classes, la Mission laïque française peine à recruter des enseignants. Reportage à Tenerife.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Lycée français de Pondichéry en Inde (CORBIS /GETTY IMAGES)

La Mission laïque française a en charge un petit quart des 500 lycées français de l'étranger. Chaque année, Jean-Christophe Deberre, le directeur général de la MLF, se lance dans un véritable marathon pour recruter : "Il y a d’abord la demande en France pour mettre des professeurs devant les élèves, accentuée par la réforme du lycée et la diminution du nombre d’élèves par classe dans le primaire."

Car ce sont les mêmes enseignants, détachés de l’Éducation nationale, que l’on retrouve à New York, Sydney ou Bamako. "Les parents d’élèves à l’étranger paient des frais de scolarité et en échange, ils veulent des Français pour enseigner à leurs enfants. Il y a des pays où on dit "nous, on veut des "Gaulois !" On doit donc veiller à un équilibre acceptable avec les personnels en contrat local."

Jean-Christophe Deberre : "Avant, on était plus des aventuriers ! Les jeunes partent toujours, mais pas dans n’importe quelles conditions" (FRANCK CASTEL)

L’autre raison de cette pénurie de profs français, c'est une moindre appétence pour l’étranger de la part des jeunes : "Il y a la sécurité tout court et la sécurité sanitaire, qui entrent beaucoup plus en ligne de compte qu’il y a quelques années. Avant, on était plus des aventuriers ! Les jeunes partent toujours, mais pas dans n’importe quelles conditions. Ils sont plus précautionneux, plus attentifs et préparateurs de leur carrière. Pourtant, rien ne remplace le fait de sortir de soi-même dans un monde actuel obligatoirement fait de mobilité."

Bénédicte Saint-Mézard à Ténérife : "C'est vrai que c'est un coût important. Tous les hommes politiques, médecins, architectes, ont leurs enfants scolarisés ici" (Photo Emmanuel Langlois)

Deux diplômes sinon rien

A Tenerife, l'archipel espagnol des Canaries au large du Maroc, le lycée Jules-Verne sur les hauteurs de Santa-Cruz accueille ainsi 650 élèves, dont 90% de Canariens. Les familles déboursent 7 000 euros par an et par enfant, le prix de l'excellence selon Bénédicte Saint-Mézard, professeure de lettres : "C'est vrai que c'est un coût important. Tous les hommes politiques, médecins, architectes, ont leurs enfants scolarisés ici. Il y a une admiration pour la culture française, la littérature, la langue proche de l'espagnol et qu'ils admirent."

Comme dans les autres lycées français de l'étranger, les enseignants sont embauchés sous différents statuts : "Il y a les profs détachés, ceux qui sont certifiés, ceux qui ont le CAPES ou l'agrégation et des contrats locaux, pour des Canariens qui maîtrisent le français et ont au moins une licence dans leur discipline."

Le lycée Jules Verne sur les hauteurs de Santa Cruz accueille 650 élèves, en majorité des Canariens (Photo Emmanuel Langlois)

Mêmes, manuels, mêmes programmes 

À Tenerife, l'enseignement se veut identique à celui dispensé dans les écoles en France. Particularité sympathique : les bacheliers repartent avec deux diplômes : "A partir de la première, on entre dans le système "bachibac" qui permet d'obtenir à la fois d'obtenir le bachillerato si on veut étudier en Espagne et le baccalauréat en France."

Le lycée Jules-Verne affiche fièrement un taux de réussite de 100% à l'examen. Il est aussi le premier à Tenerife à être passé au bio dans ses assiettes à la cantine, et à s'approvisionner auprès de producteurs locaux.

Le lycée Jules Verne est le premier à Tenerife à être passé au bio dans ses assiettes à la cantine (Photo Emmanuel Langlois)

Écrire à Jean-Christophe Deberre communication@mlfmonde.org

Écrire à Bénédicte Saint-Mézard benedicte.saint-mezard@mlfmonde.org

Le marché dédié à Notre-Dame d'Afrique, calle San Sebastián, face au musée TEA. On pourra s'y approvisionner en fruits et légumes, poisson, viande et fleurs. Ce marché clos sur deux étages se présente comme une vaste cour intérieure bordée d'arcades abritant les étals. A l'intérieur et autour, on trouvera de nombreux points de bars à tapas. (Photo Emmanuel Langlois)

Aller plus loin

Le lycée Jules Verne de Ténérife www.liceofrances.tenerife.com

La Mission laïque française

Retrouvez cette chronique sur le site et dans le magazine de la mobilité internationale Français à l'étranger.fr

Dans la vieille ville de Santa Cruz. La ville comporte différentes places, dont la Plaza de España centrale. Elle dépend beaucoup du secteur économique du tourisme, c'est aussi le plus grand port d'Espagne et un des plus grands de l'océan Atlantique. (Photo Emmanuel Langlois)

Aller à Tenerife avec l'Office de tourisme

Séjourner à l'hôtel Taburiente à Santa Cruz. Établissement urbain chic, l'hôtel Taburiente S.C.Tenerife se trouve à côté du parc García Sanabria, dans le centre de Santa Cruz de Tenerife. Il dispose d'une salle de sport ainsi que d'une piscine sur le toit offrant une vue sur le parc et sur l'océan Atlantique.

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