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Français du monde. Les jeunes diplômés quittent la Hongrie

Est-ce la politique anti-migrants et de repli sur soi du président Viktor Orban ? Malgré son économie dynamique, la Hongrie ne parvient pas à garder ses jeunes diplômés.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jeanne Dubard entourée de Namory Dosso (à droite), vice-président de l’UFE, et de Jean Wendling, membre du bureau de l'association (UFE Hongrie)

Malgré son taux de chômage historiquement faible, son économie dynamique et ses infrastructures modernes, la Hongrie du président Victor Orban marquée par sa politique anti-migrants et de repli sur soi, ne parvient pas à garder ses jeunes diplômés. La plupart partent tenter leur chance en France ou en Allemagne. C'est, du coup, un boulevard pour les expatriés.

Ici aussi, les choses changent

Quand Jeanne Dubard est arrivée, dans les années 90 à Budapest, l'anglais suffisait pour vivre et travailler. Aujourd'hui, impossible de ne pas apprendre le hongrois :


"Pas mal d'entreprises sont présentes dans la grande distribution, l'industrie automobile ou la banque, explique la Française. J'ai souvent des demandes dans la fiscalité mais le problème c'est la barrière de la langue. La Hongrie a besoin de main-d’œuvre qualifiée car beaucoup de jeunes quittent le pays parce que les salaires ne sont pas assez élevés." 

Avec un taux de chômage parmi les plus faibles d'Europe, la Hongrie mérite le détour, même si Budapest a perdu une partie de son rôle de carrefour de l'Europe centrale et de porte d'entrée sur les Balkans au profit de Vienne, à deux heures de route.

Le gala de bienfaisance de l’UFE pour l'Epiphanie (UFE Hongrie)

Comme le Portugal, le pays joue sur la fiscalité pour attirer du capital étranger

"De plus en plus de retraités ou de jeunes entrepreneurs qui n'ont pas besoin d'être dans un pays déterminé choisissent la Hongrie, constate Mme Dubard. On peut travailler en télétravail. Les loyers ne sont pas très chers. Les retraites ne sont pas imposées et les taux d'imposition très attractifs, tant pour les personnes physiques que pour les sociétés". 

La Hongrie accueille aussi des jeunes étrangers, notamment grâce au programme Erasmus : "Beaucoup de jeunes viennent ainsi étudier la médecine à la fameuse université Semmelweis. Budapest est une ville attractive pour les étudiants, elle est facile et agréable. Ils s'y plaisent bien."   

Le gala de bienfaisance de l’UFE pour l'Epiphanie (UFE Hongrie)

Gala de bienfaisance 

Jeanne Dubard vit depuis plus de 20 ans en Hongrie. Née à Dijon, diplômée en droit, elle a commencé sa carrière dans un grand cabinet d'avocats à Chicago, avant d'être embauchée à Budapest par une compagnie d'audit américaine.

"C'était l'euphorie, le début de l'ouverture de la Hongrie au monde, se souvient-elle. Il y avait beaucoup d'investissements étrangers, notamment des multinationales. C'était l'époque des privatisations. Toutes les entreprises étaient à vendre! Il y avait besoin de gens compétents en fiscalité internationale pour conseiller les sociétés qui s'installaient." 

Aujourd'hui à la retraite, Jeanne Dubard préside l'UFE Hongrie depuis 2008. Elle a mené à bien toute sa renaissance en 2005, entourée d'une petite équipe qu'elle aimerait plus étoffée.

Le gala de bienfaisance de l’UFE pour l'Epiphanie (UFE Hongrie)

En plus des soirées Beaujolais (organisées conjointement avec la CCI), pétanque et restaurant, la Française souhaite maintenir coûte que coûte le gala de bienfaisance qu'organise l'UFE pour l’Épiphanie, une vente aux enchères dont les profits vont à une association hongroise d'aide aux sans-abri :

"Cela nous tenait à cœur d'aider des adultes en difficulté. La Hongrie s'occupe assez bien des enfants en difficulté ou malade, mais les adultes sont laissés pour compte. Beaucoup de gens perdent tout et se retrouvent dans une pauvreté et isolement".

Par manque de bras, le gala a été annulé cette année en janvier, mais l'UFE compte bien l'organiser un peu plus tard. Avis aux bonnes volontés !  

Lui écrire : jeanne.dubard@gmail.com

Entretien avec Jean-Pierre Pont, directeur du Journal des Français à l'étranger.

Jean-Pierre Pont, directeur du magazine et du site internet de la mobilité internationale, le "Journal des Français à l'étranger" (DR)

-> La Hongrie, c'est un bon choix ? C'est un bon élève de l'Europe déjà ? 

-> Oui, c'est un élève qui a bien réussi sa reconversion économique. En plus, ila une position stratégique avec sept frontières qui permettent d'être incontournable en Europe centrale. L'économie étant saine, il y a beaucoup de travail dans le tertiaire, avec des salaires évidemment moins importants qu'en France. Mais il y a quand même un problème, c'est qu'il faut parler de préférence hongrois et si possible anglais ou allemand parce que le français ne suffit pas.

-> C'est une porte d'entrée sur les Balkans notamment ? 

-> Exactement, et donc il y a beaucoup de multinationales du monde entier qui se sont installées en Hongrie pour toute cette région du monde, et on peut trouver du travail dans les secteurs évidemment traditionnels de l'électronique, des technologies de l'information, des télécoms et de l'industrie en général car ils ont une industrie automobile très importante : 20% de l'économie hongroise. 

-> D'autant que le gouvernement cherche à attirer des entreprises, des sièges, et à abaisser les impôts, pour les retraités aussi ?

-> Oui, absolument, mais la Hongrie est un pays où la Chambre de commerce française est très active, donc il faut passer par la Chambre de commerce qui vous orientera au niveau de soit votre aide à la création d'entreprise, soit à la recherche de votre emploi. 

Lui écrire jeanpierrepont@gmail.com

Retrouvez ce portrait dans le Journal des Français à l'étranger

La Chambre de commerce et d'industrie France - Hongrie

L'UFE Hongrie (Union des Français de l'étranger)

Retrouvez ce dossier dans la Voix de France, le magazine de l'UFE

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