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Français du monde. Coronavirus : l'émirat de Dubaï doit se réinventer face à la crise

Vitrine du Moyen-Orient, l’émirat va devoir changer de paradigme pour passer la crise. Son modèle économique est sérieusement ébranlé, comme en témoigne la directrice de la Chambre de commerce française de Dubaï.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un centre commercial, à Dubaï, le 27 mai 2020, quand les authorités ont rouvert les commerces. Les rares passants sont masqués.  (MAXPPP)

Agnès Lopez Cruz est arrivée en 2008. Ce n'est donc pas sa première crise, mais celle-ci est la plus sévère : "Dubaï est l’émirat qui a l'économie la plus ouverte sur le monde. Avec la pandémie, c'est toute cette plateforme touristique, logistique et financière qui en pâtit." 

Quelques secteurs comme l'énergie, la santé, les télécoms ou l'agroalimentaire s’en sortent toutefois, témoigne la Française. Contrairement à ses voisins, Abu Dhabi ou le Qatar, Dubaï dispose de peu de ressources pétrolières.

Transports, tourisme, commerce et immobilier les plus touchés

Ce sont quatre secteurs particulièrement exposés. "Pour qu'il y ait relance, il faut d'abord que les flux aériens, de passagers et de marchandises, repartent. La remontée du prix du baril de pétrole est aussi une composante." Car Dubaï, avec 3,3 millions d'habitants, est plus que la capitale mondiale du shopping de luxe. Pour les investisseurs étrangers, c'est une porte d'entrée sur toute la région :

Nous avons des sociétés qui viennent s'implanter avec des sièges régionaux pour toucher le Moyen-Orient, mais également l'Afrique.

Agnès Lopez Cruz, directrice de la CCI française de Dubaï 

Agnès Lopez Cruz dirige depuis six ans la Chambre de commerce française de Dubaï, qui compte 430 entreprises adhérentes.  

Agnès Lopez Cruz à Dubaï : "Pour qu'il y ait relance, il faut d'abord que les flux aériens, de passagers et de marchandises, repartent. La remontée du prix du baril de pétrole est aussi une composante" (THOMAS SAITO)

Réduire la voilure

En plus d'une crise économique, l’émirat craint des départs massifs de ses expatriés, qui représentent, cas unique, plus de 90% de la population. Plus de 15 000 Français vivent ici, et, privés d'emploi, une partie pourrait bien faire ses valises, témoigne Agnès Lopez Cruz : 

"Certaines entreprises n'arriveront pas à passer la crise, on s'y prépare. On attend surtout la rentrée de septembre pour pouvoir faire un état des lieux avec le consulat, et le niveau des inscriptions dans les écoles françaises, et nous, à la CCI, le renouvellement des adhésions." 

Permis de séjour prolongés jusqu'à la fin de l'année

Pour enrayer l'hémorragie qui s'annonce, et encourager les investissements dans l'immobilier ou les affaires, les autorités ont déjà prolongé les permis de séjour pour les étrangers jusqu'à la fin de l'année.

Comme en 2008, Dubaï peut compter sur la solidarité des six autres émirats, surtout Abu Dhabi, sa rente pétrolière et son fonds souverain. 70 milliards de dollars ont déjà été injectés. Mais comme sur les boutres, ces traditionnels voiliers arabes, la ville-État réfléchit aussi à réduire la voilure : 

Il y a une prise de conscience très forte des autorités émiriennes sur les limites de leur modèle économique actuel. Elles sont conscientes qu'il va falloir se réinventer, probablement restructurer, fusionner, voir les choses en moins grand et être plus sectoriel.

Chacun essaie de garder le moral ici et de voir une opportunité dans chaque coup dur. L’Émirat sait faire preuve de résilience. Ainsi, le report d'un an, à octobre 2021, de l'Expo universelle de Dubaï, où 25 millions de visiteurs du monde entier sont attendus. Hasard de ce nouveau calendrier, elle coïncidera finalement avec le jubilé marquant les 50 ans de la création des Émirats.  

Lui écrire : agnes.lopezcruz@fbcdubai.com

Agnès Lpez Cruz à Dubaï: "c'est toute cette plateforme touristique, logistique et financière qui en pâtit"  (FBC Dubaï & Northern Emirates)

Aller plus loin

La Chambre de commerce française de Dubaï et des Emirats du nord

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