Colombie : la métamorphose de Medellín

Trente ans jour pour jour après la mort du célèbre narcotrafiquant Pablo Escobar, le 2 décembre 1993, tombé sous les balles de l'armée colombienne, la métropole de l’ouest du pays est passée du statut de capitale du meurtre, à celui de ville tendance et branchée, paradis des touristes et des nomades numériques, comme en témoigne ce Français.
Article rédigé par Emmanuel Langlois
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le téléphérique au-dessus de Medellín. En plus des touristes, la ville perchée à près de 1 500 mètres d’altitude attire de nombreux expatriés, en particulier des nomades numériques. (www.tomplanmytrip.com)

Pendant longtemps, Medellín était surtout connue pour être la base du célèbre baron de la drogue Pablo Escobar, mais depuis la fin des années 2000, la ville est devenue une destination à la mode, et même la coqueluche des touristes et des expatriés. Thomas Espeute vit depuis quatre ans à Medellín. Avec un autre Français, il a monté un guide de voyage sur Internet. À 34 ans, il admet qu’on ne se promène tout de même pas ici le soir, sans quelques précautions...

Démonstration de hip-hop dans un quartier de Medellin. Les danses urbaines et le street art ont remplacé les gangs. (Photo Thomas Espeute)

"Ils ont un dicton en Colombie, qu’on apprend très rapidement, c’est "No dar papaya", papaya c’est un fruit qu’ils aiment bien manger, la papaye. En gros, c’est ne pas donner le bâton pour se faire battre, ne pas provoquer la malchance. Il ne faut pas marcher avec son téléphone à la main, en montrant à tout le monde que tu as le dernier iPhone, il faut être un peu plus aux aguets."

La ville de Medellín de nuit. Même si la situation n'est plus la même qu'il y a trente ans, il convient de prendre quelques précautions pour sortir le soir. (Photo Thomas Espeute)

Et si Escobar a disparu, le mythe, lui reste bien vivant, n’en déplaise à la mairie de Medellín. Il attire chaque année des milliers de touristes.

Medellín a beau n'avoir aucun accès à la mer, elle attire toujours davantage de touristes étrangers et d'expatriés. (Photo Thomas Espeute)

"Pablo Escobar, ça intrigue. Il a une histoire assez incroyable. Les visiteurs veulent par exemple voir la maison où il est mort. Par contre la ville de Medellín le cache. Il n’y a même pas une pancarte sur le toit de la maison où il a été tué. Ils n’essaient pas de le mettre en avant."

Thomas Espeute (à gauche) avec son copain Adrien en Colombie : "Pablo Escobar, ça intrigue. Il a une histoire assez incroyable et il y a beaucoup d’Américains avec la série "Narcos" ont voulu aller à Medellín à cause de cette série." (Adrien Bergue)

Cette explosion du nombre de nouveaux arrivants depuis la pandémie de Covid-19 à Medellín a entraîné l’apparition de restaurants, de boutiques de luxe et de visites guidées. En plus des touristes, la ville attire de nombreux expatriés, à tel point que l’on parle désormais de Medellín comme de la troisième destination d’Amérique latine pour y vivre, juste après Buenos Aires et Mexico.

"Il peut faire chaud en journée, témoigne Thomas Espeute, mais après le soir, avec un petit pull, c’est super agréable. Ça, plus la vie nocturne, on s’y sent bien rapidement."

Une rue de Medellín. Avec l'arrivée des étrangers venus s'installer en ville, les loyers ont sensiblement augmenté. (Photo Thomas Espeute)

Les étrangers bénéficient d’un fort pouvoir d’achat, qui provoque une tension sans précédent sur l’immobilier. Résultat : les logements, autrefois proposés à l’année, sont désormais disponibles sur des plateformes de location temporaire comme Airbnb, où le nombre d’annonces à Medellín a bondi de 45% en un an. 

Le centre de  Medellín. En quelques années, la ville de Colombie est devenue le paradis des nomades numériques (Thomas Espeute)

"Un loyer à Medellín, pour un appartement avec deux chambres, dans un bon quartier, va coûter facilement deux millions de pesos, à peu près 500 euros, observe le Français, sachant que le salaire minimum en Colombie est de 200 euros, c’est comme si on payait à Paris 2.500 euros son appartement."

La ville de  Medellín est aussi le berceau de Bottero. En offrant 23 sculptures monumentales en bronze, l'artiste a complètement changé le visage du quartier traditionnel de Berrio au centre de Medellín. (Photo Thomas Espeute)

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