Avec la génération Y, finie l'expatriation de papa !
Entretien avec Christina Gierse, rédactrice-en-chef du site internet Vivre à l'Etranger.com. - En quoi la génération Y, en gros les
20-30 ans, est-elle différente des générations précédentes face à
l'expatriation ?
- Parce que cette génération
a déjà brisé de nombreuses frontières : réelles, puisque massivement
biberonnée à la sauce Erasmus, et virtuelles grâce à sa pratique des réseaux
sociaux. En fait, bien plus que la génération X
et celle les baby-boomers qui l'ont précédée, la génération Y a souvent eu
l'occasion de partir six mois-un an en Europe dans le cadre de ses études.
Comme l'explique Stéphanie Talleux dans son guide sur l'expatriation
paru chez Studyrama, "l'Europe
a été pour ces Y un premier palier. Ils partent donc sans états d'âme et sans
craintes, que ce soit pour le compte d'une entreprise, ou en solo faute de
perspectives professionnelles en France".
- Justement, le contexte économique ne rend-il
pas difficile les expatriations ? Faute de budget, les entreprises ont
plutôt tendance à serrer les vis...
- Oui, mais du coup, les plus jeunes ont leur carte à jouer ! Leur besoin en
confort est minimal, ils n'ont pas d'enfants dont l'entreprise doit payer la
scolarité, ni de conjoint à entretenir... Ils sont prêts à partir pour des
opérations ponctuelles, de courte durée. Bref, ils sont ultra-partants et
ultra-adaptables. Pour eux, peu importe le confort d'un logement de standing,
ce qu'ils veulent, c'est vivre une expérience excitante.
- Et une fois sur place, ont-ils le
contact plus facile avec la population locale ?
- Oui et non. Leur maitrise de l'anglais,
souvent meilleure que celle de leurs aînés, facilite les échanges. En revanche,
leur façon d'être en permanence connectés, notamment à leurs amis restés en
France, peut parfois les couper de la vie locale. En fait, grâce aux réseaux
sociaux, on est chez soi un peu partout, ce qui permet de moins souffrir de la
solitude, mais on n'est pas forcément plus avec les gens sur place, dans la
"vraie vie".
- Quels peuvent être les freins à
l'expatriation d'un Y... s'il y en- a ?
- Vu son mode de vie très connecté, les pays où le réseau est mauvais sont le
cauchemar absolu du Y. La Chine, par exemple, où les connexions passent mal...
Coté comportement professionnel, on leur reproche parfois de manquer d'humilité, ce qui peut
créer des malentendus dans certaines cultures. Pour finir, si les Y sont
prompts à partir, ils peuvent aussi refuser net une expatriation si celle-ci met
en péril leur vie de couple ou les prive d'un second salaire. Cette génération
"moi d'abord" puis "nous d'abord" lorsqu'elle est
en couple, promet d'être un vrai casse-tête pour les responsables des
ressources humaines !
Aller plus loin
Retrouvez cette chronique sur Vivre à l'Etranger.com, le site de la mobilité internationale
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