Artiste peintre au pays du jazz
Elle s'est définitivement installée à la Nouvelle-Orléans juste après Katrina, en 2005. Isabelle Jacopin dit que l'énergie était encore plus forte là-bas après le passage de l'ouragan. Les gens n'avaient plus rien et l'art devenait alors essentiel. "Une vieille dame est venue m'acheter une toile, se souvient la Française. Elle avait perdu sa maison et vivait dans un mobile-home. Elle disait "avant de mourir, il faut que j'ai une toile d'Isabelle. Encadrez-moi la vite car je ne suis plus toute jeune !" Ça m'a vraiment touchée." La Française peint les musiciens qui jouent dans rue du matin au soir. Ses huiles sur toile sont vivantes et hautes en couleurs.
Son balcon, au 1er étage, donne sur la rue Royale, la plus animée du "French Quarter", le vieux Carré français, en face de la cathédrale. C'est son point d'observation. Elle y passe des heures. "Je pourrais y rester jusqu'à la fin de mes jours, soupire-t-elle, à peindre juste les gens qui passent en dessous. Il y a mille peintures à faire. C'est très frustrant !" Son appartement-atelier a eu plusieurs fois les honneurs de la presse locale. On dit que c'est une ancienne maison close, au-dessus de la première épicerie de la Nouvelle-Orléans.Tout le monde vit en communauté dans l'immeuble. "On est quatre voisins, on partage la cour. Les portes sont toujours ouvertes, on est toujours les uns chez les autres." "John Mc Cain", le persan aux yeux bleus du voisin, adopté un soir d'élection présidentielle, passe plus de temps dans l'atelier d'Isabelle que chez son maître.
Jazz à la sauce hip-hop
Née à Brest, installée depuis 30 ans au Bugue, en Dordogne, Isabelle Jacopin a découvert par hasard les rives du Mississippi. "Un client américain de Chicago avait proposé de m'échanger une toile contre un billet d'avion. Vu qu'il voyageait beaucoup, il avait pas mal de miles. J'ai choisi la Nouvelle-Orléans parce que j'aimais peindre les musiciens !" Dès qu'elle arrive en Louisiane, la Française sait que c'est ici, au pays des Cajuns, qu'elle vivra. "J'avais peur que la musique soit du vieux jazz, mais ce n'est pas une ville tournée vers son passé. Aujourd'hui, les petits-fils spirituels de Louis Armstrong jouent un jazz mâtiné de hip-hop !"
La Française a d'abord donné des cours aux petits de l'école bilingue du quartier. "Les noms de rues sont écrits en français, les noms de plats dans les restaurants aussi, comme "gratin", "à l'étouffé", mais les seuls à parler encore la langue de Molière sont des anciens, à la campagne, à Lafayette ou à Bâton-Rouge." Isabelle Jacopin rentre quatre mois par an en Dordogne. Elle a son atelier au Bugue. C'est d'ailleurs sur sa terrasse que débute traditionnellement chaque été le festival de jazz MNOP (Musiques Nouvelle-Orléans en Périgord). Bon an mal an, à 57 ans, Isabelle Jacopin vit de son art. Sa famille suit l'aventure de près. Son fils a prénommé sa fille Nola, l'acronyme de Nouvelle-Orléans Louisiana.
Aller plus loin
Son site internet
Le festival MNOP (Musiques Nouvelle-Orléans en Périgord)
Retrouvez ce portrait sur Vivre à l'Etranger.com, le site de la mobilité internationale du groupe Studyrama
Retrouvez ce portrait dans le magazine régional d'informations Objectif Aquitaine
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