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Mazarine Pingeot :"J'ai gardé le poids de ce prénom"

Elle est passée de fille cachée à "fille de". Mazarine Pingeot a dû porter un lourd secret pendant toute son enfance : celui d'être l'enfant de François Mitterrand. Son nouveau livre, "Bon petit soldat" revient sur ce lourd secret, cette vie bien compliquée pour une enfant...
Article rédigé par franceinfo
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La France entière l'a découverte en 1994, elle avait 19 ans, et depuis, la jeune femme normalienne se sent toujours obligée de faire ses preuves, montrer qu'elle est légitime.

Elle raconte ses traumatismes, ses questionnements dans son nouveau roman autobiographique "Bon petit solda t", paru aux éditions Julliard.
Retour sur une enfance hors du commun dans une famille exceptionnelle.

Mazarine Pingeot raconte combien il a parfois été difficile, enfant, de vivre avec un tel secret. Les rares fois où ils sortent ensemble, elle n'a pas le droit d'appeler son père papa en public.

"Ce prénom est rattaché à l'idée d'être un secret. Et quand on est un secret, on est à la fois un trésor et on a ce sentiment un peu honteux. Je porte encore un peu cette ambivalence ."

Mais la réflexion qui tient lieu de fil rouge dans l'œuvre de Mazarine Pingeot est de savoir pourquoi son père l'a cachée  et entretenu le secret si longtemps? Les raisons sont politiques certes mais elle sait que, s'agissant de son père, c'est une explication qui ne la convainc pas. Il y a bien sûr son  goût du secret, sa liberté absolue.  La jeune femme cherche encore aujourd'hui, loin de juger et sans volonté de montrer du doigt, les motivations d'un homme ayant autant marqué le XXe siècle.

Mot de l'éditeur

En ce début d'année 2012, Mazarine Pingeot est de ceux, de plus en plus nombreux, qui cheminent au côté du candidat François Hollande. Certains commencent à parler de victoire : Mitterrand aurait trouvé son successeur.

Vivre le retour de la gauche, mais cette fois, en pleine lumière, permet à la jeune femme de mesurer le chemin parcouru depuis Bouche cousue.

Être ou ne pas être. Être un secret inavouable, affublé d'un prénom impossible, une vie entre les lignes : une enfant cachée. Être la fille du président Mitterrand ou ne pas être du tout. Être la progéniture adorée à la maison, au sein d'un trio aussi idéal que mythique, mais n'être rien ailleurs – rien, nada, personne. Être la soeur, la belle-fille, la nièce, la cousine, et la tante, d'une ribambelle de frères, belle-mère, oncles, cousins et neveux qui, eux, ne savent pas qui vous êtes. Et puis soudain la lumière, pleins feux ; les flashs, le scandale. Être sa fille, enfin, officiellement. Un objet de curiosité, de suppositions, de préjugés, de rancoeur – ne vit-elle pas aux crochets de la République ? De harcèlement aussi, quand les paparazzi campent devant chez elle. Et puis devenir l'héritière morale. Le portrait craché. La représentante. Devenir lui, un peu. Mais jamais soi-même.

Comment échapper à ce sortilège originel qui l'empêche d'être autre chose qu'un " bon petit soldat " ? Comment protéger ses propres enfants, comment leur transmettre un héritage à la fois si prestigieux et si tortueux, sans qu'ils en souffrent à leur tour ? C'est sous forme de journal que Mazarine Pingeot a choisi de transcrire ces réflexions, au fil des mois de la campagne présidentielle durant lesquels le combat personnel est sournoisement venu se mêler au combat politique. Reprenant le fil là ou elle l'avait laissé il y a sept ans, concluant Bouche cousue sur l'espoir d'un lendemain meilleur, elle fait de son écriture, vibrante et exutoire, le lieu d'une étonnante introspection collective.

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