Retraitée depuis quelques mois, Gervaise Taffaleau continue de s'investir au sein dela Cour Nationale du Droit d'asile, car "Un magistrat ne cesse jamaistotalement de l'être ".Dans le système judiciaire français, il convient dedistinguer les magistrats du siège, les juges qui rendent les décisions, desmagistrats du parquet qui eux représentent le gouvernement et font respecterles lois. En 43 ans de carrière, Gervaise Taffaleau a gravi progressivement lesdifférents échelons du parquet, exerçant ainsi différents métiers.Tout juste diplômée de l'ENM, Gervaise Taffaleau est d'abordnommée substitut du procureur au Tribunal de Grande instance de Rouen. La jeunefemme, enceinte, découvre alors un monde machiste. Nous sommes en 1972. Elleest la première femme à exercer dans cette juridiction. 17 ans plus tard, en1999, lorsqu'elle sera nommée Procureur générale à Orléans, elles ne serontencore que deux femmes pour 35 postes. Tout au long de sa carrière, GervaiseTaffaleau a donc mis un point d'honneur à promouvoir de jeunes collèguesméritantes, pour féminiser la profession. Aujourd'hui, l'équilibre s'estinversé et les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes dans lamagistrature (80%)."J'avais la réputationd'être assez dure dans mes propos, et pas forcément dure dans le quantum despeines requises".Après le parquet de Rouen, départ pour Nanterre en 1975.Toujours substitut du procureur, la jeune magistrate y passe 10 ans, chargée dela lutte contre les trafics de stupéfiants, puis contre le travail clandestin.Spécificité qui l'amènera notamment à surveiller le chantier de la Défense etqui lui apportera dit-elle "Une vision fondamentalement et durablementdifférente du monde du travail et de la société en général". Elle sepassionne pour le droit social, et poursuit cette mission de lutte contre lestrafics de main d'œuvre auprès du ministre des Affaires sociales pendant encore8 ans."Dans le procès, chacun a un rôle, une facon de secomporter. Oui j'ai pris plaisir à plaider".Troisième métier, Gervaise Taffaleau monte en grade etdevient Avocate Générale à la Cour d'Appel de Paris. Pendant 6 ans, elle ytraite des dossiers financiers et économiques sensibles comme l'affairePéchiney, un scandale politico-financier de délit d'initiés.Forte de cette expérience, et profitant aussi de la volontéd'Elisabeth Guigou, la Garde des Sceaux de l'époque, de féminiser la profession,elle est nommée dans sa ville natale, Procureur Générale à Orléans. Dix ansqu'elle décrit "Comme les plus belles années de sa carrière" et dontelle garde en mémoire, "Les réunions de travail dans les plus beaux Châteauxdu Val de Loire".En 2010, elle choisit de repousser son départ à la retraite,et accède au poste prestigieux d'avocate générale à la Cour de Cassation àParis. Aujourd'hui à la retraite, elle continue à présider la cour nationale duDroit d'Asile. Un sixième métier pour cette magistrate qui entend rester"Concernée par la justice, ses préoccupations, ses réformes et sa placedans la société". J** usqu'au bout.