Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l'Opéra de Paris : "J'ai pu réaliser un rêve"
La saison 2014 / 2015 est déjà prête. Brigitte Lefèvre a convoqué les grands chorégraphes qu'elle a fait entrer au
répertoire de l'Opéra de Paris. Lui succèdera dans quelques mois le médiatique et talentueux Benjamin
Millepied. Il aura dans les mains une troupe et une institution que Brigitte
Lefèvre a su inlassablement stimuler et nourrir de sa passion.
Cette ouverture à la danse contemporaine,
c'est l'empreinte que la directrice de la danse à l'Opéra depuis 1995 va
laisser dans l'histoire du ballet. Brigitte Lefèvre est entrée à 8 ans dans la grande maison et a intégré le corps de
ballet en 1963 à 16 ans, avant de voler de ses propres ailes quelques années
plus tard . Elle part fonder en 1974 à La Rochelle, l'une des premières compagnies de danse contemporaine, le Théâtre du Silence avec Jacques Garnier, parce que justement à ce moment-là, "on ne faisait pas à l'Opéra, ce que j'ai
tenté d'y faire quand je suis revenue comme administratrice ", explique-t-elle.
"J'avais envie de construire. Je ne
voulais pas être étoile. Ce n'était pas mon envie. J'avais envie de savoir ce que
je pouvais construire ."
En 1970, elle chorégraphie son premier ballet,
Mikrokosmos sur une musique de Bartók. Il sera joué sur la scène du Palais des
Papes lors du festival d'Avignon. De son passé de
danseuse, de ses classes comme petit rat, elle retient ce goût que lui a donné
la danse d'aller découvrir autre chose : "Le théâtre, la musique, la
politique... le monde de l'engagement ".
Aujourd'hui Brigitte Lefèvre avoue avec bonheur et satisfaction avoir réalisé son rêve pendant 20
ans à la tête de cette troupe prestigieuse de 154 danseuses et danseurs, 18 étoiles, une
compagnie unique au monde. "Ce n'est pas un bilan que je fais, ce que
je constate, c'est la rapidité avec laquelle tout cela a eu lieu. L'Opéra de
Paris est véritablement un lieu absolument magique, des équipes formidables...
(...) J'ai l'impression que j'ai pu réaliser un rêve ".
Brigitte Lefèvre a projeté ce ballet et cette institution dans le XXIe siècle, en ouvrant son répertoire à de grandes figures de
la danse contemporaine, Pina Bausch, bien sûr, et sa fascinante chorégraphied'Orphée et Eurydice de Gluck entrée au répertoire en 2005, Sasha Waltz et son inoubliableRoméo et Juliette à Bastille en 2007, mais aussi Le Parc d'Angelin Preljocaj, repris depuis des années, Wayne Mc Gregor, John Neumeier, Mats Ek, et beaucoup de jeunes chorégraphes aussi, à qui elle a toujours su accorder sa confiance.
A
sa fille, née à la fin de l'aventure du Théâtre du Silence , dans les années 80, Brigitte Lefèvre a voulu "communiquer l'art du rebondissement ". Un art qu'elle
manipule à merveille, elle qui a eu mille vies dans la danse. Et qui continuera
après l'Opéra de Paris, en tant que directrice artistique du Festival de danse de Cannes.
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