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Expliquez-nous... Rodrigo Duterte

Aux Philippines Rodrigo Duterte a promis de lancer une campagne impitoyable contre la criminalité après sa victoire sans appel à la présidentielle. Rodrigo Duterte est arrivé largement en tête et ses deux principaux rivaux ont reconnu leur défaite.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Rodrigo Duterte est populiste et grossier. A côté de lui, Donald Trump apparaît comme un homme politique raffiné et nuancé. Rodrigo Duterte a séduit ses fans avec des propos vulgaires et des menaces de mort proférées tout du long d'une campagne outrancière.

Il a ainsi traité le pape de "fils de pute" parce qu'accusé de provoquer des embouteillages monstres lors d'une visite à Manille. Il s'est constamment vanté de ses relations adultères. Il aime apparemment beaucoup parler de la vigueur de son pénis. Et il a surtout provoqué l’indignation avec une plaisanterie sur le fait qu'il aurait aimé passer en premier pour violer une jolie missionnaire australienne lors d'une émeute dans une prison en 1989. Ou encore, cette promesse de tuer tous les dealers, les braqueurs et les vauriens. A tel point que Rodrigo Duterte est connu dans l'archipel sous le surnom de "Dirty Harry" le nom du personnage de flic joué par Clint Eastwood.

Libéral, populiste et anti-élite

Rodrigo Duterte est âgé de 71 ans avec une allure presque juvénile. Il est marié et père de 4 enfants. Il est avocat, fils d’avocat et depuis 22 ans maire de Davao, une ville d'un million et demi d'habitants sur l'Ile de Mindanao. Il se vante d’avoir fait de l’une des villes les plus dangereuses du pays un havre de paix.

Pourtant, à l’automne dernier, lorsqu’il a annoncé sa candidature, peu d’observateurs ont cru à son succès. Rodrigo Duterte est totalement décomplexé face à la religion dans un pays pourtant très catholique. Il soutient même le mariage gay. Il se définit comme libéral populiste anti-élite.

Il a donc promis de tuer des dizaines de milliers de criminels ou encore de se passer d'un Congrès qui n'obéirait pas même si la constitution philippine ne le permet pas. Mais il dit tout et son contraire. Depuis 30 ans, l'archipel philippin est largement dirigé par des clans familiaux soutenus par des hommes d'affaires, un système qui a contribué à installer des écarts importants de richesse dans un pays encore très pauvre même si l’archipel est considéré comme un nouveau  tigre asiatique.

Il a même été accusé d'avoir participé à des escadrons de la mort à Davao dans lesquels plus de 1000 personnes ont été tuées. Face aux médias philippins, il ne nie pas avoir déjà commis des meurtres. Le symbole de la campagne de Rodrigo Duterte était un poing dirigé vers les hors-la-loi, mais qui pourrait aussi viser l'oligarchie, estiment certains. Et c'est sans doute secret de la victoire de Rodrigo Duterte.

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